
Mis à jour il y a 6 ans
Un taux d’intérêt est théoriquement construit de la façon suivante : le coût de l’argent, le coût du risque et la marge de la banque.
Qu’est-ce que le coût de l’argent ?
Les établissements bancaires se servent soit des dépôts non rémunérés de leurs clients (dont le coût est donc nul), soit plus généralement d’argent emprunté sur le marché interbancaire. En supposant que la banque emprunte à Euribor 3 mois, soit le taux interbancaire à 3 mois, elle prête cet argent à l’entreprise sur la base du taux Euribor 3 mois, plus un coût du risque, plus sa marge. En clair, le coût de cet emprunt est supporté par l’entreprise.
Qu’est-ce que le coût du risque ?
Le coût du risque est plus difficilement appréciable. Si l’on prend les statistiques de la banque de France, une entreprise dont la note est égale à 5, a 10% de chance d’être défaillante sur un prêt à 3 ans. Il faut donc intégrer dans le coût de l’argent, dans cet exemple, une marge annuelle de 10/3 = 3,33%. Ainsi, en 3 ans, la banque récupère mathématiquement, en prêtant à 100 PME notées 5, les 10% nécessaires pour compenser les 10 pertes attendues.
Qu’est-ce que la marge de la banque ?
Enfin, il y a la marge. La banque, comme toute activité, veut rémunérer son capital. En supposant que les actionnaires de la banque exigent 15% de rendement par an sur le capital, ce qui équivaut à 25% avant impôts environ, si l’on estime que la banque mobilise 10% de capital sur chaque prêt de 100, alors elle exigera une marge de 25%*10% = 2,5%.
Au total le prêt va coûter Euribor 3 mois (-0,297 au 20/07/2016) + 3,33% + 2,5%, soit au taux actuel de 5,53%.
Les actionnaires de la banque exigent 15% de rendement par an sur le capital
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En réalité, ces calculs du taux d’intérêt sont plus complexes, notamment à cause des cautions personnelles et des garanties demandées
Dans la réalité, les choses sont plus complexes pour plusieurs raisons. D’abord, les banques réclament des garanties aux entreprises. Dans certains cas, ces garanties les dispensent de « bloquer » du capital. Dès lors, la marge devient moins « justifiable » et donc plus « discutable ». Ensuite, les banques ont une vue globale du client et peuvent apprécier le revenu global tiré de ce client sur ses flux pour « bonifier » le taux et conserver le client. Car il existe, pour les bons crédits, une concurrence entre les banques qui peuvent se servir du crédit comme d’un produit d’appel.
Avec des garanties, les marges sont plus discutables
Pour les grandes entreprises, les pricings des émissions obligataires ou les récentes syndications bancaires sont même plus important que ces taux théoriques. Ils constituent un benchmark, et l’enjeu pour les banques est de prendre des commissions de syndication ou de placement, et de conserver le moins possible de l’émission obligataire ou du prêt au bilan. On en revient à un sujet bilantiel où les banques essaient en permanence, via la titrisation, ou la cession pure et simple des crédits, de céder à des investisseurs non bancaires ce type d’actifs afin de libérer des fonds propres et d’augmenter mécaniquement leur capacité de prêt, et évidemment le rendement de leurs fonds propres (ROI).
Les banques essaient en permanence de céder ce type d’actifs afin d’augmenter le rendement de leurs fonds propres
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Publication originale le 22 juillet 2016, mise à jour le 27 septembre 2017