
Mis à jour il y a 3 ans
La Banque de France a pris la décision récente de reporter sa campagne de notation des entreprises en 2020. Nous revenons dans cet article sur le principe des cotations et les raisons pour lesquelles une telle mesure a été prise.
À quoi sert la cotation banque de France?
La cotation Banque de France sert principalement à évaluer le risque de défaillance des entreprises à un horizon de trois ans. Chaque année une note de solidité financière (allant de 3++ pour les entreprises les plus solides à 9 pour les situations les plus compromises). Elle est attribuée aux entreprises hors secteur immobilier, ayant au moins trois ans d’existence et un chiffres d’affaires supérieur à 750 k€, dès lors que leur Fiben (le fichier bancaire des entreprises) est correctement renseigné. À noter que cette cotation est à ce titre essentiellement utilisée par les établissements de crédit.
Pour les entreprises présentant un chiffre d’affaires inférieur à 750.000 euros (environ un million d’entreprises), la cotation se fait uniquement sur base documentaire, notamment sur base des comptes déposés au greffe. En revanche, pour les 270 000 autres de plus grande taille, la cotation se fait de façon détaillée et suivie par un analyste. Elle reste gratuite et non sollicitée pour l’entreprise.
Elle permet aussi accessoirement aux dirigeants d’entreprise d’obtenir une information objective et normée sur leur entreprise, et également de se comparer aux autres sociétés (statistiques par secteur, taille, ancienneté, etc.). Vous pouvez retrouver plus d’informations sur les objectifs et l’utilisation de ces cotations sur ce précédent article.
Coronavirus, cotation Banque de France : les mesures exceptionnelles pour 2020
La Banque de France a décidé, pour des raisons à la fois pragmatiques et politiques dues à la crise sanitaire actuelle, de retarder ses cotations pour l’année 2020 qu’elle publiera en fin d’année. La principale raison invoquée reste la complexité à analyser les dépôts des comptes 2019 qui seront vraisemblablement retardés. Par ailleurs, les révisions de cotations auraient dû prendre en compte les effets prévisibles du confinement sur l’économie, et donc pu conduire à dégrader la note de nombreuses entreprises avant même que l’impact réel ne puisse être mesuré. En décalant sa campagne de notation, la Banque de France espère tenir compte au mieux du regain d’activité des entreprises prévu après la fin du confinement. Son président François Villeroy de Galhau a ainsi déclaré qu’il “convenait de prendre le meilleur recul possible afin de pouvoir évaluer correctement l’impact de cette situation sur le court-moyen terme, notamment en tenant compte de l’effet des actions publiques de soutien”.
En conclusion, cette décision a été prise pour ne pas générer des modifications brusques des cotations à la baisse, alors même que l’issue de cette crise reste très incertaine sur les entreprises individuelles. Cela évitera notamment à celles dont l’activité a été fortement impactée d’être jugées faibles ou en situation compromise avant même de pouvoir remonter la pente durant le reste de l’année. Enfin, cette mesure soulage aussi les banques, qui doivent immobiliser en face de chaque crédit octroyé un montant déterminé de fonds propres qui est fonction du risque couru et donc de la notation. Si les notes de la Banque de France s’étaient massivement dégradées, les banques auraient dû mécaniquement immobiliser plus de fonds propres dans une période déjà difficile.

Publication originale le 22 avril 2020, mise à jour le 22 avril 2020