
Mis à jour il y a 3 ans
Les créations d’entreprise sont au plus haut, cependant le chemin reste semé d’embûches et après 5 ans, 3 PME sur 10 disparaissent. La voie pour devenir une grosse PME voire une ETI (ces sociétés de plus de 250 employés notamment) est encore plus ardue.
Devenir une ETI n’est pas une fin en soi pourtant leur présence peut avoir un effet d’entrainement mais la France a du retard en la matière.
Si la liste des obstacles à franchir est longue, la notion de financement se pose à chaque étape et la finance participative émergente peut avoir un rôle primordial à tenir .
La France en retard sur ses voisins sur les ETI
Il existe plus de 3 millions d’entreprises en France pourtant la grande majorité reste des micro-entreprises : face à 274 grandes entreprises, 138.000 PME et un nombre d’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) de 5.000. C’est en proportion la moitié que nos voisins : l’Allemagne compte ainsi 12.000 ETI, l’Italie 8.000 et le Royaume-Uni : 10.000.
Positionné entre les PME et les Grandes Enterprise, le statut d’ETI correspond à plusieurs critères mais l’un assez simple est de dépasser 250 employés et 50M€ de CA.
Le concept d’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) a été introduit en 2008, par la loi LME (Loi de Modernisation de l’Economie) dans un contexte où la mondialisation se faisant de plus en plus prégnante la question de la taille des entreprises et de leur capacité à se projeter à l’internationale faisait du sens pour garder une économie compétitive.
A ce sujet l’exemple du « Middestand » allemand (ces sociétés souvent familiales de taille moyenne, indépendantes de grands groupes mais portées vers l’international) est une illustration plutôt réussie en terme d’organisation autour de plusieurs axes :
- Spécialisation et expertise sur certains créneaux favorisant compétitivité de l’offre et marges élevées
- Actionnariat familial stable et impliqué avec un vision stratégique long-terme
- Coopération et réseau entre les entreprises
Le chemin de la croissance pour les PME
Les dirigeants d’entreprise reviennent sur plusieurs obstacles et éléments à structurer pour franchir le seuil des 50M€ :
- Gouvernance et structuration du management : au-delà d’un certain stade, le succès du dirigeant dépendra de sa capacité à bien s’entourer, faire circuler l’information, libérer les initiatives, favoriser l’innovation et acquérir des compétence clés
- Croissance externe : au-delà de la croissance organique qui est un préalable, la croissance externe peut permettre d’atteindre une taille critique, d’augmenter la rentabilité et souvent de compléter le maillage géographique.
- Innovation et R&D : sur le long-terme il est difficile de maintenir sa compétitivité sans innovation, ne serait-ce que parce qu’assez rapidement les concurrents vont se mettre à répliquer les meilleurs concepts d’où la nécessité de garder une longueur d’avance
- Élargir l’offre : lié en partie au point précédent, il consiste à ne pas se focaliser sur ses produits actuels mais à explorer (au risque certes de se disperser) des marchés connexes comme relais de croissance
- Exporter : toutes les initiatives à l’international ne sont pas des succès et elles nécessitent une préparation, cependant dans des marchés nationaux limités et parfois atones l’export est un passage obligé. La présence à l’export et le dynamisme qu’elle suppose et par ailleurs fortement lié à la présence d’un certain niveau d’innovation dans l’entreprise
Toutes ces étapes si elles sont un préalable ne peuvent cependant pas se faire sans un financement adéquat.
Accéder au financement tout au long du chemin
Une publication de la banque de France d’avril 2015, « Quels financements pour soutenir la croissance des petites et moyennes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire et préparer la compétitivité de demain ? » décrivait un mode bipolaire pour les PME entre d’un côté les acteurs bancaires traditionnels, peu cher pour ceux qui y ont accès (jusqu’à un certain seuil) et de l’autre le monde du capital investissement aux exigences de rendement plus élevé.
Les enquêtes font ressortir que les PME ont obtenu généralement un réponse positive 94% et obtiennent en totalité ou plus de 75% le montant de leur demande initiale auprès de leurs banquiers.

Source : Fédération Bancaire Française – Financement des PME : l’accès au crédit toujours très ouvert
De manière plus globale même si la production de crédit aux PME est dynamique, elle a pu connaitre des creux (début 2014 la la production de crédit aux PME – approximée par les crédits de moins de 1 million d’euros -, s’était inscrite à 5,4 milliards d’euros en moyenne par mois, soit un niveau environ 35 % inférieur au plus haut atteint les années précédant la crise 8,3 milliards par mois en moyenne sur 2006-2007).
Cependant les graphiques ci-dessous montrent malgré l’environnement favorable de baisse des taux, un accès encore inégal au crédit entre PME et grands groupes (si l’on rapporte la part des frais financiers à l’EBE).
Le prêt bancaire n’est pas la seule solution de financement
Malgré un environnement favorable du fait des taux historiquement bas et de la politique accommodante de le BCE, l’accès au financement via crédit n’est pas exhaustif pour les PME et celui-ci est parfois considéré comme un produit d’appel par les banques en complément d’une relation commerciale plus globale. Sauf à solliciter lorsque cela est possible de l’equity, certaines se verront capées ou stoppées dans leur développement et ne deviendront pas les ETI de demain.
Les pouvoirs publics ont depuis quelques années identifiés la nécessité d’instaurer un continuum dans l’accès au financement permettant de faciliter l’accès au financement et au crédit tout au long de la vie des entreprises du statut de TPE à celui d’ETI. La BPI a une action considérable en soutien des acteurs traditionnels de l’innovation et de l’export. Certaines initiatives comme les fonds de dettes mutualisées qui s’adressent cependant plutôt au segment des grosses PME, ou les opérations de co-origination banque/assureur (a l’exemple des prêts d’avenir entre la BPI et AG2R).
Cependant suite au constat de la nécessité de réorienter l’épargne des français vers les PME, le crowdlending (la forme dette du crowdfunding) apparaît comme une réelle opportunité : en mutualisant les risques, en n’étant pas contraint par des ratios de solvabilité le crowdlending permet d’adresser des besoins insuffisamment couverts. Loin d’être concurrent, il offre une voie complémentaire et flexible aux acteurs traditionnels du financement. Ces derniers ne s’y sont d’ailleurs pas trompés si l’on en croit les mouvements de structuration sur le marché (rapprochement des acteurs fintech avec des acteurs bancaires et de la gestion traditionnelle) afin de proposer une offre globale susceptible d’appréhender le risque de financer de manière exhaustive les PME toute au long de leur développement.
Publication originale le 5 juillet 2017, mise à jour le 10 janvier 2020