
Mis à jour il y a 4 mois
Pour toute personne ayant travaillé dans l’univers de la finance ces 20 dernières années, la désintermédiation des banques et des gestionnaires de fonds du private equity est une bénédiction à plusieurs titres.
La finance s’est éloignée de la réalité économique et de ses clients historiques
La finance, celle des institutionnels (banques et assurances) et des marchés de capitaux, s’est éloignée depuis quelques dizaines d’années de l’économie réelle, à savoir de l’entrepreneuriat et des PME.
Elle vit dans une bulle loin des réalités économiques, toujours plus proches des algorithmes, toujours plus motivée par la recherche de l’argent facile créé avec des arbitrages plutôt financiers que stratégiques. Elle a en fait substitué à l’économie réelle des produits dérivés, des indices, certains forts utiles, d’autres (la plupart) peu utiles. Elle a oublié qu’elle fût créée pour soutenir le commerce et l’industrie.
La finance traditionnelle vit dans une bulle loin des réalités économiques
Elle a engendré un soucis quasi pathologique de la performance et de sa mesure, et donc aussi de l’optimisation fiscale. Elle a aussi engendré des réglementations toujours plus complexes pour ses activités (on ne parle plus que de compliance dans la finance) qui font que ses salariés passent de moins en moins de temps avec les clients…et de plus en plus avec les régulateurs. En résumé elle génère des choses complexes et abscons pour la plupart des gens, vides de sens, s’éloignant ainsi toujours plus de sa raison d’être.
Elle ne fait pas d’effort pédagogique auprès du grand public, et ses efforts éthiques semblent souvent vains. Wall Street ne compte plus ses scandales, les subprimes ont presque mis le monde en banqueroute…
Bref, pour expliquer en quoi son action est en fait très utile, et en quoi elle contribue au développement du commerce, de l’industrie, et donc de la richesse mondiale, voire au développement des démocraties grâce aux échanges et à la liberté du commerce qui permet aussi le « transfert des idées et des libertés »… la finance ne dit plus rien depuis très longtemps. Et pourtant la finance a aussi des comptes à rendre : ce qu’elle fait, bien ou mal, elle le fait en grande partie avec notre argent.
Les banques se sont éloignées de leurs racines citoyennes
Les banques ont fusionné entre elles ces dernières décennies, elles sont devenues des grandes banques mondialisées, « too big to fail » désormais. Elles sont plus riches et puissantes que les Etats, mais sans la volonté d’user de ce pouvoir positivement, seuls la sauvegarde de leur indépendance et de leurs profits les animent.
Elles se sont focalisées sur des clients de leur taille, ceux qui ont suivi le même parcours, perdant ainsi le contact et, disons-le, l’intérêt économique, pour leur univers d’origine, leurs racines, le soutien au développement et au commerce local et national.
Le private equity en France ne comble pas les besoins des PME non servis par les banques
N’oublions pas l’autre source de capital des PME : les fonds de « private equity ».
Certains se sont focalisés sur des entreprises plutôt de grandes tailles, et dans ce cas de figure, ces fonds sont généralement gérés sans abus de frais de gestion, et sans abus de frais de distribution, mais ils s’adressent à des investisseurs institutionnels uniquement et font plutôt des opérations de transmissions (LBO). D’autres fonds se sont focalisés sur des PME mais dans ce cas de figure, 30 à 50% des fonds levés auprès du public, sont en fait « consommés » par les distributeurs et les gestionnaires, et leurs performances sont évidemment faibles compte tenu du montant de capital limité qui est investi. De toute façon, la contribution des fonds de private equity au financement des PME est marginale. Inefficace, faible en montant (1Mds€ par an en France), le private equity présente globalement des ressources trop limitées pour les PME qui cherchent avant tout du crédit auprès de banques.
Les banques financent les PME en s’appuyant aussi sur des aides d’état…que nos impôts financent
Celles-ci traitent à minima le sujet du financement des PME, en usant voir abusant des mécanismes de soutiens publics (garantie BPI…). Elles agissent ainsi parce que leurs exigences de rendement ne sont pas satisfaites , notamment pour les PME les plus petites, celles qui empruntent moins d’un million d’euros, celles qui font de 1 à 10 M€ de chiffre d’affaires en particulier.
L’arrivée de la Fintech bouleverse les schémas de pensée de la finance traditionnelle
L’industrie financière et bancaire est aussi archaïque dans son mode de pensée. Il y a d’un côté les « seigneurs », les institutionnels, les clients professionnels au sens de l’AMF, voire ceux qui ont été formés dans les grandes banques, bref ceux qui comprennent les risques et les produits financiers complexes, et de l’autre côté…les autres, la « foule », qu’au mieux il faut protéger (une des missions de l’AMF), et qu’au pire il faut éviter (ce à quoi s’évertuent les grandes banques d’affaires) car « ils » ne comprennent rien.
L’émergence de la « Fintech » est une merveilleuse réaction aux dérives et exagérations du système actuel qui infantilise le public.
La plupart de ces banques mondiales ont des produits simplifiés pour « les autres », qui sont souvent opaques (destination réelle des fonds ?, frais réels appliqués?…), car elles voient plus cette « population » comme une menace qu’une opportunité : il faut sans cesse lui rappeler les risques…, et elle peut générer des risques de réputation (procès, presse…). Pendant la crise de 2007/08, les banques de dépôts furent pourtant bien contentes de disposer des liquidités de ces particuliers, et certaines d’entre elles leur doivent leur survie. Depuis, la plupart des banques ont oublié cela, mais pas leurs clients particuliers qui ont compris que leur dépôt était parfois à risque.
La fintech revient aux sources même du métier de financier
L’émergence de la « Fintech » est donc une merveilleuse réaction aux dérives et exagérations du système actuel, c’est même probablement une soupape de sécurité pour le système actuel.
C’est surtout une aspiration forte qui revient aux sources même du métier de financier : la finance doit être un outil pour développer le commerce et l’entreprise local et national, et elle doit être simple à comprendre, efficace, transparente, et le moins cher possible, pour que les capitaux investis soient le plus performant possible.
La finance doit redevenir un outil pour développer le commerce, et l’industrie, et notamment l’entreprise locale et nationale.
C’est dans ce cadre que l’ambition de WeShareBonds s’inscrit. C’est pour participer activement que nous avons créé WeShareBonds.
Nous voulons faire profiter les PME de ces financements alternatifs, nous voulons aussi que les particuliers comme les institutionnels (qui sont eux aussi incarnés par des vrais gens) sachent où va leur argent, comprennent à quoi il va servir, en acceptent les risques, et en obtiennent un juste rendement.
Le crowdfunding ou financement participatif peut redonner confiance au public
La finance est devenue trop complexe, sans guide et sans mission. Trop de beaux esprits se sont aventurés à faire de l’argent avec de l’argent : le crowdfunding permet de redonner du sens, et d’impliquer ceux qui le souhaitent dans l’utilisation de leur épargne, comme ils le font dans l’utilisation de leur droit de vote, à savoir activement et avec bon sens.
Ce qui est arrivé avec la crise des subprimes a définitivement prouvé qu’une confiance aveugle, sans contrôle, des financiers était dangereuse pour nos économies, voire nos sociétés. La présence de « la foule », la transparence de l’information, la motivation des choix, et la bonne compréhension des risques, devraient être des facteurs de réconciliation de la finance avec le public, et plus fondamentalement, devraient éviter que des catastrophes de taille mondiale puissent ainsi émerger sans que « personne » n’en ait conscience. Vive le financement participatif.
Publication originale le 10 mai 2016, mise à jour le 30 novembre 2022
Sujet(s):
Crowdfunding