
Mis à jour il y a 2 ans
Les crypto-monnaies (ou devrait-on plutôt dire cryptoactifs ?) se sont développées notamment à la suite de la crise immobilière des Subprimes. Elles reposent sur la technologie « blockchain ». La « blockchain » utilise des techniques cryptographiques permettant aux membres d’un réseau d’utilisateurs de certifier leurs transactions de manière décentralisée. Malgré l’innovation potentielle que cela représente, difficile d’y voir encore très clair sur le devenir des crypto-monnaies et des applications, dont le nombre reste encore très limité. Les gagnants d’aujourd’hui ne seront pas forcément les gagnants de demain. Entre idéologie et économie, retour sur les évolutions récentes des cryptomonnaies. L’accord récent de la SEC pour la création d’ETF contenant des cryptomonnaies à propulsé celles-ci à leur plus haut.
Cryptomonnaie définition
La plus célèbre des crypto-monnaies (ou « cryptocurrency ») le Bitcoin (฿ ou BTC) aurait ainsi été créée par le japonais Satoshi Nakamoto à la suite de la crise des Subprimes, en 2008. Cependant, il pourrait s’agir du pseudonyme d’un anglais ou même d’un groupe d’informaticiens. Le développement du Bitcoin correspondait avant tout à une démarche idéologique. Il s’agissait de créer une monnaie décentralisée qui s’affranchirait des banques et des banques centrales…Depuis, des milliers de crypto-monnaies sont apparues et elles sont échangées quotidiennement sur des plateformes spécialisées.
Les crypto-monnaies un défi aux monnaies « fiat »
Les crypto-monnaies avant d’être une démarche économique sont également initialement une démarche idéologique. Au départ, il s’agissait d’une démarche libertaire. Celle-ci a créé une monnaie qui s’affranchit des monnaies « fiat » émises par les banques centrales.
Elles s’affranchissent également du système bancaire classique qui agit traditionnellement en qualité de tiers de confiance. Elles seraient ainsi un moyen d’échapper au contrôle des changes et des risques inhérents aux dépôts bancaires. En France par exemple, l’État ne garantit les dépôts sur un compte courant qu’à hauteur de 100 000 euros par client et par établissement bancaire. De quantités parfois limitées, elles seraient également une protection contre l’inflation. Dès leurs début, les cryptomonnaies se sont inscrites dans une démarche assez marginale. Les premières utilisations significatives du Bitcoin l’ont été au début des années 2010. Et ce, dans le cadre de plateformes d’échanges illégales telles que le site Silkroad sur le réseau parallèle « Darknet ». Le Bitcoin servait alors à rémunérer des échanges et des ventes illégales (drogues, armes…) en profitant d’un relatif anonymat. Depuis, elles cherchent à évoluer vers un usage plus « mainstream » même si le chemin semble encore long.
Les crypto-monnaies, une alternative aux monnaies ?
Initialement, les crypto-monnaies, indépendantes des banques centrales, se présentaient aussi comme une alternative à des politiques monétaires jugées trop expansionnistes. Ainsi, le nombre futur de Bitcoins est – pour l’instant – plafonné au nombre final maximum de 21 millions d’unités. Cette caractéristique serait censée en faire un outil protecteur contre l’inflation. Cet « effet rareté » permettrait d’en garantir la valorisation future…
Cependant, on pourrait objecter que cet effet rareté est relatif :
- Les monnaies traditionnelles sont divisibles en centimes. Le Bitcoin est quant à lui divisible en « satoshi », représentant individuellement 1/100 000 000 de Bitcoin ;
- Depuis sa création, des milliers de cryptomonnaies alternatives se sont développées parallèlement. À l’occasion d’un désaccord sur les protocoles de transactions dans la communauté Bitcoin, le Bitcoin Cash a été créé. Il s’agit d’une nouvelle cryptomonnaie dérivée (un « hard fork ») du protocole initial, créée en août 2017.
Les crypto-monnaies remplissent-elles le rôle de monnaie ?
La monnaie est censée avoir trois fonctions :
- Être un étalon de valeur : à ce titre en tant que référence elle permet d’exprimer une valeur commune et comparable ;
- Être un intermédiaire dans les échanges : elle est acceptée officiellement par tous comme « monnaie d’échange ». Elle permet également d’éviter de s’en tenir au simple troc ;
- Avoir une fonction de réserve de valeur : elle est censée pouvoir être thésaurisée et conserver sa valeur.
À ce titre, il semble très discutable de considérer que les crypto-monnaies sont de véritables monnaies. Certes, il existe une cotation en temps réel de ces monnaies. Toutefois, il est encore très rare de voir des transactions avec un prix exprimé uniquement en Bitcoin, ou en cryptocurrency. Par ailleurs, sauf exception, rien n’oblige une contrepartie à accepter une transaction en bitcoin.
Bitcoin ou équivalent dollar en bitcoin ?
Il est possible de payer en Bitcoin. Cependant, cela se fait généralement sur la base d’un calcul de la valeur en dollars à une date donnée. Et ce, avec l’accord des parties. Par ailleurs, lors de la transaction et de la « monétisation », il faudra possiblement payer une taxe. Cette taxe portera sur une éventuelle plus-value réalisée entre la valeur « d’achat » du bitcoin et sa valeur à la date de monétisation.
Elon Musk, anciennement homme le plus riche au monde et dirigeant de Tesla, est plutôt partisan de l’usage des crypto-monnaies. Il a fait des annonces sur la possibilité de payer son véhicule en Bitcoin. Dans les faits, cela est assorti de nombreuses conditions : un prix en Bitcoin est fixé. Ce prix est assorti d’une période de validité — le « Bitcoin Price Window ». Ce prix – équivalent dollar – peut être rapidement réajusté pour tenir compte des fluctuations du Bitcoin.
Par ailleurs, un acheteur mécontent qui obtiendrait un remboursement pourra se voir remboursé en équivalent dollar ; dans le cas où la valeur du bitcoin a entre-temps monté. Il pourra également être remboursé en Bitcoin (alors que la valeur pourrait avoir baissé dans l’intervalle). Ce remboursement se fera à la discrétion du constructeur… L’annonce de Tesla était l’une des plus marquantes concernant un usage démocratisé du Bitcoin. Le chemin vers une monnaie à part entière semble encore long.
Étant donné le peu de personnes susceptibles de choisir cette option, Tesla – qui par ailleurs paie a priori ses fournisseurs, ses coûts et ses salariés en dollars et a juste placé une partie de sa trésorerie en Bitcoin– ne prenait guère de risques… Tout en réalisant un coup marketing et financier en alimentant la hausse du cours, sur ses avoirs en Bitcoin…
Il en va de même concernant PayPal. L’entreprise a offert à ses utilisateurs la possibilité de payer en cryptomonnaies. Dans les faits, ces paiements sont réalisés en cryptomonnaie sur la base d’un prix de parité calculé. Ils sont convertis immédiatement en monnaies fiduciaires (dollar, euros…) par la plateforme pour finaliser les transactions avec les contreparties.
Bien que certaines décisions de justice tendent à donner aux crypto-monnaies l’apparence d’une monnaie – le tribunal de commerce de Nanterre a ainsi statué que le bitcoin était un « actif incorporel fongible » donc interchangeable comme une monnaie fiduciaire – il n’est a priori pas possible d’exiger d’une contrepartie l’acceptation d’un paiement en Bitcoin, comme cela est le cas pour le dollar ou l’euro dans les pays où ils ont cours.
Dans les faits, seul le Salvador (qui n’est pas un exemple de démocratie) semble avoir récemment adopté le Bitcoin comme monnaie officielle. Celui-ci continuant à cohabiter avec le dollar comme monnaie fiduciaire.
Un fonctionnement en circuit fermé ?
Avec une monnaie classique, la monnaie et le processus de création monétaire sont censés accompagner ou encourager le développement économique. En effet, les banques centrales créent de la monnaie afin de financer l’activité. L’activité économique peut être approximée par la masse monétaire multipliée par la vitesse de circulation de la monnaie (sa vélocité). Ainsi, la création de richesses (PIB) s’exprimera par le fait que la monnaie circule plus ou moins vite. Cela s’exprime également par le fait qu’il y a plus de monnaies mises en circulation par les banques centrales.
Il existe deux façons d’acquérir des cryptomonnaies, soit :
- Par le minage ; des ressources informatiques et leur puissance de calcul (proof of work) sont mises à disposition pour résoudre des algorithmes. Ceux-ci permettront de sécuriser les transactions en cryptomonnaie. On obtient un paiement en contrepartie ;
- On achète des crypto-monnaies en convertissant une autre cryptomonnaie ou une monnaie fiduciaire.
Certaines crypto-monnaies telles que le Bitcoin, ont vocation à être émises en quantités limitées (21 000 000 de Bitcoin maximum). Cela semble antinomique avec une monnaie qui servirait l’économie. Et qui l’orienterait vers un actif de réserve dont on organiserait la rareté. Toutefois, d’autres crypto-monnaies ne disposent pas de limite particulière en termes d’émission.
Le marché des crypto-monnaies a récemment retrouvé ses plus hauts niveaux. Avec notamment plus de 2 000 milliards de dollars de capitalisation ; soit l’équivalent de la capitalisation du CAC40. Cela est à la fois beaucoup et peu si l’on prétend être une véritable monnaie d’échange. La valeur des cryptomonnaies repose encore sur un jeu d’offre et de demande. Il est davantage alimenté par des mouvements spéculatifs que par un véritable usage sous-jacent.
Certaines crypto-monnaies visent, au-delà d’un rôle de monnaie d’échange, à s’établir comme les vecteurs de nouveaux modes de transactions (les smartcontracts, les NFT). Cependant, l’honnêteté pousse à affirmer que la réalité reste pour l’instant bien pauvre.
En quelques années, le Bitcoin, qui représente la majorité de la valeur des crypto-monnaies, est passé d’un prix unitaire de 0,001 USD à plus de soixante-mille dollars… Il a connu une forte volatilité et des mouvements importants à la hausse comme à la baisse ces dernières années.
Bitcoin : une détention très concentrée
Malgré sa démocratisation progressive, la détention des Bitcoins reste très concentrée. Il est de loin la principale cryptomonnaie. Celui-ci reste encore entre les mains de quelques utilisateurs, ce qui en limite mécaniquement la portée. Et cela ne semble que peu évoluer.
Ainsi, si l’on s’intéresse aux adresses (ou portefeuilles) détenant des Bitcoin (ceux-ci pouvant parfois être des véhicules d’investissement représentant diverses personnes…), on peut faire le constat suivant :
- Il y a environ 38 millions de comptes de détenteurs de Bitcoin ;
- 15% des Bitcoins sont entre les mains de moins de 100 comptes ;
- Avec 15 000 comptes, l’on passe à une détention d’environ deux tiers du stock de Bitcoins ;
- Si l’on élargit à environ 150 000 comptes (soit 0,004% des détenteurs) on atteint une concentration de 86% ;
- À l’inverse en bas de la pyramide, les premiers 30 millions d’utilisateurs détiennent 0,22% des actifs ;
- Les premiers 20 millions (soit plus de la moitié du total des utilisateurs) détiennent 0,02% des actifs. Soit un patrimoine moyen (pour un dernier cours de 57 000 $) de… 11$.
Les crypto-monnaies : une réserve de valeur ?
Il semble in fine que les cryptomonnaies se comportent comme un outil de thésaurisation (de spéculation diront les plus critiques). Même la capacité de la monnaie à conserver la valeur semble toute théorique : risque juridique concernant sa légalité et sa définition comme instrument financier ou actif, valeur sans rendement intrinsèque uniquement entretenue par l’offre et la demande. Et ce, sans pour autant qu’il y ait à date une utilisation concrète ou du moins incontournable (comme cela est le cas pour les énergies et matières premières dont la demande est liée aux contraintes de production).
Il semble qu’on obéisse à l’adage qui veut que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Concernant de l’amateur de Bitcoin, ce dernier va choisir d’utiliser ses monnaies fiduciaires pour ses transactions (il s’en débarrasse ainsi). Il utilise aussi les monnaies fiduciaires pour acheter du Bitcoin. L’amateur de Bitcoin va ensuite thésauriser ce dernier (comme l’on fait un nombre important d’américains qui y ont placé leur « chèque covid »). Il serait en effet illogique de « dépenser » un Bitcoin dont on pense qui vaudra plus cher demain. La plupart des gros détenteurs de Bitcoin tels qu’Elon Musk ne disent pas le contraire. Il a notamment déclaré vouloir détenir cet actif à très long terme.
Avec une faible liquidité, le moindre signal à l’achat ou la vente, peut faire varier fortement la valeur des cryptomonnaies. Et ce, dans un sens comme dans l’autre. Difficile de déterminer une valeur intrinsèque tant que celle-ci reste conditionnée par un équilibre offre/demande et des transactions qui peuvent porter parfois sur quelques millionièmes de Bitcoin.
Bitcoin : le nouvel or numérique ?
Certains ont essayé, tels les analystes de Citibank, d’objectiver la valeur du Bitcoin. Pour ce faire, ils l’ont défini comme le nouvel or numérique du XXIᵉ siècle. Fixant par analogie sur les stocks la valeur du Bitcoin à moyen terme à 300 000 $. Les similarités existent en effet : une absence de rendement, des coûts de production significatifs, une possibilité d’être utilisé comme valeur de référence. L’avantage du Bitcoin est d’être facilement stockable et transférable. Cependant, face au phénomène récent des cryptomonnaies, la valeur de l’or repose sur 5 000 ans d’histoire.
De plus, la valeur de l’or a été étroitement liée au développement économique et aux échanges commerciaux des pays détenteurs. Jusqu’au milieu du XXᵉ siècle, les monnaies mondiales étaient régies par un système d’étalon or. Et ce, avant son abandon progressif. Cela a été suivi par la mise en place des accords de Bretton Woods – système de parité des monnaies avec le dollar. Puis un système de changes flottants a été adopté en 1971.
Les défis du bitcoin
Le Bitcoin est confronté à plusieurs défis. Outre la concurrence liée à l’apparition possible d’autres crypto-monnaies (sur internet qui se souvient de Nestcape, premier et incontesté leader des navigateurs ?), il existe également encore des incertitudes quant à son cadre juridique.
Ainsi la Chine par exemple, après avoir interdit le minage des Bitcoins a déclaré illégales toutes les transactions en cryptomonnaies. Ceci avait entrainé un temps de fortes turbulences sur le marché. Dans le même temps, l’État chinois s’investit fortement dans les technologies de blockchain et le développement de sa propre cryptocurrency.
Bitcoin : une institutionnalisation en cours ?
Par opportunisme ou conviction, nombre de fonds d’investissement, d’institutions financières de premier plan (JP Morgan, Goldman Sachs, BlackRock…) et de nombreux hedge-funds se sont lancés dans le trading ou les services liés aux crypto-monnaies.
Il est ainsi désormais possible d’en détenir dans le cadre d’un plan d’épargne 401K. Depuis la loi Pacte, il est également possible d’en détenir dans un contrat d’assurance-vie via une unité de compte. Il est par ailleurs envisagé de permettre la création d’ETF. Ceci démocratiserait davantage l’investissement en crypto-monnaies. Cependant, cela risquerait de les positionner encore davantage comme des produits d’investissement spéculatifs à forte volatilité.
Le Conseil de stabilité financière — issu du G20 – veut par ailleurs réguler le secteur des crypto-monnaies. Et ce, afin d’anticiper sur des crises en chaines liées à des défaillances d’acteurs.
Crypto-monnaies : la facture écologique et énergétique
Le mode de certification des transactions en Bitcoin, du moins dans sa forme actuelle est extrêmement énergivore. Cela tend à empirer avec l’augmentation de la taille du réseau. Ceci pourrait être préoccupant notamment dans le cadre de la pénurie d’énergie qui est observée au niveau mondial. Il est estimé que les transactions en Bitcoins représenteraient 1% des consommations électriques mondiales, tandis que celui-ci reste encore une activité très marginale.
Ainsi, un Bitcoin consommé émettrait entre 8 et 13 tonnes de CO2. Tandis qu’en comparaison, une voiture électrique émet 9 tonnes de CO2 (construction et usage pendant 150 000 km). Acheter un Tesla en Bitcoin triplerait ainsi son volume d’émission… Elon Musk avait d’ailleurs semblé faire marche arrière sur le sujet avant de se raviser.
Quelle serait l’impact de l’introduction d’une taxe carbone sur l’usage et la détention de crypto-monnaies ?
Cryptomonnaie : la sécurité en question
Les crypto-monnaies reposent sur un système décentralisé de certification des transactions, ce qui en garantit en théorie la fiabilité.
Chaque utilisateur dispose d’une clé privée pour valider ses transactions. Il doit passer par des plateformes de services afin de stocker ou échanger ses crypto-monnaies. Une faille peut apparaitre à ces deux moments. Notamment à la suite de la perte ou au vol de la clé privée par un hacker. Ou bien, à la suite des malversations d’une plateforme d’échange. Récemment, deux dirigeants de la plateforme Africrypt se sont volatilisés avec près de 3,6 milliards de dollars en Bitcoins. Ceux-ci appartenaient à leurs clients. Il est quasi-impossible de retracer cet argent.
Entre des plateformes parfois peu régulées et une volonté de fonctionner sans tiers de confiance comme c’est le cas pour les transactions bancaires, il peut être facile de perdre l’ensemble de ses actifs. On ne compte plus les exemples de personnes ayant égaré leur code, sans possibilité de le retrouver par d’autres moyens d’identification. Selon Chainalysis environ 20% des Bitcoins seraient actuellement perdus sur des portefeuilles verrouillés.
La transmission et les successions peuvent être également un sujet problématique : entre nécessité de protéger le code de son vivant et transmission aux héritiers. À la différence d’un compte bancaire, dont l’établissement serait susceptible de bloquer un transfert suspect, il est très facile de vider un compte Bitcoin par simple utilisation de la clé privée (il n’existe d’ailleurs aucun autre moyen). Comment faire dès lors pour garantir une transmission à ses héritiers désignés ? Les notaires de France ont récemment proposé une solution pour cela : le « testament mystique ». Il s’agit d’un pli confidentiel contenant les codes des portefeuilles accessibles le temps venu aux héritiers désignés.
L’évolution réglementaire
Les réglementations ont tendance à évoluer afin de rendre le marché plus transparent. Les entreprises aux États-Unis doivent ainsi désormais déclarer au fisc les transactions de 10 000 dollars ou plus en crypto-monnaies.
Certains pays encore rares tels que le Salvador ont décidé de promouvoir le Bitcoin. Au contraire, d’autres tels que la Chine, ont décidé d’y mettre un frein. Et ce, afin de privilégier leur propre cryptomonnaie officielle en cours de développement.
Concernant la fiscalité, celle-ci évolue également malgré les difficultés liées au lieu de détention de ce type d’actif. Désormais, les gains en Bitcoin sont imposés à la flat-tax de 30% en France. Par ailleurs, une réglementation est à l’étude en France. Elle permettrait d’éviter la requalification de détenteur de cryptoactifs en utilisateurs professionnels (taxe à 60%).
Vers l’ère du « stable-coin » ?
Les « stables coins » sont des crypto-monnaies qui en conservent les caractéristiques (mode d’échange, ergonomie) mais dont la valeur est indexée sur une monnaie fiat, par exemple le dollar. Cela permet d’en limiter la volatilité dans une optique d’échanges facilités et de thésaurisation de la valeur.
Certains investisseurs en cryptomonnaie les utilisent pour sécuriser leurs plus-values générées en cryptomonnaie. Pour ce faire, ils convertissent leurs gains en monnaie « stable coin » (l’imposition intervient dans un second temps, lors d’une conversion ultérieure en monnaie fiat).
Les stables coins pourraient in fine s’imposer avec l’avènement de crypto-monnaies étatiques (dollar, euro, e-yuan…). C’est d’ailleurs sur cette voie que semble s’orienter Facebook, pionnier dans le domaine avec le lancement du Diem (ex-Libra), plusieurs fois reporté. Son cours sera fondé sur un panier de devises. Et la valeur serait garantie par des réserves équivalentes en monnaie légale.
Smart-contract et NFT
Au-delà des cryptomonnaies au sens monétaire du terme, des cryptomonnaies tels que l’Ethereum sont apparues comme support à la création et au développement de « smart-contracts ».
Les smart-contracts qui utilisent la technologie blockchain permettent de générer automatiquement, et de manière sécurisée, un contrat. Par exemple, le paiement d’une prime d’assurance à un agriculteur dès que les températures ont atteint un pic sur une période donnée. Dans le domaine de l’immobilier, on peut imaginer la cession de biens immobiliers (ou biens démembrés) sans passer par des intermédiaires tiers. La valeur de la cryptomonnaie augmente alors avec la taille du réseau, l’écosystème et l’usage des applications créées. Reste dans le cas de smart contracts (contrats intelligents) la question de la justice en dernier ressort pour transiger sur des litiges liés à la mise en œuvre du contrat. Cependant, ils ont vocation à porter sur des contrats avec des conditions et critères très précis et objectifs d’exécution rendant la probabilité de litige plutôt faible.
Dans le même ordre d’idée se sont récemment développés des crypto-actifs, dans les domaines de la création artistique et des collectionneurs. Les NFT (Non Fungible Token) sont des fichiers individualisés et non falsifiables présentant par exemple une image, un texte… La start-up française Sorare, a établi un record pour une société française en levant 680 millions de dollars pour son jeu de football en ligne. Digne héritier des vignettes Panini, basé sur l’Ethereum, ce jeu permet de créer des équipes virtuelles en achetant, vendant et en échangeant des vignettes de joueurs.
Dans le domaine de l’art, le montant des ventes de NFT artistiques a explosé. Il représenterait déjà 3,5 milliards de dollars depuis le début de l’année 2021, certes payés parfois en cryptomonnaies…
Cryptomonnaie, « tokenisation » et immobilier
La blockchain permet de sécuriser des transactions en l’absence de tiers de confiance. Dans le cadre de la titrisation de portefeuilles immobiliers, il existe des solutions permettant d’acheter une partie d’immeuble ou d’un bien immobilier… Chaque actif étant vendu sous forme d’un token comme un support d’investissement. La loi PACTE (n° 2019-486 du 22 mai 2019) a ainsi commencé à encadrer les levées de fonds via des jetons (Initial Coin Offering ou ICO).
Il existe déjà des solutions de mutualisation (démembrement, achat à plusieurs via un SI ou une via une SCPI). Toutefois, cette pratique appliquée à l’immobilier pourrait aller plus loin en facilitant le process. Cela rendrait sans doute le marché plus volatile. Décorréler la valeur d’usage et d’investissement posera éventuellement des problèmes juridiques liés au droit immobilier et de la propriété. Elle pourrait également être un nouvel outil pour les acteurs de la gestion immobilière. Elle permettra possiblement de démocratiser et de fluidifier davantage l’accès aux actifs immobiliers.
Quelle est la crypto-monnaie la plus rentable ?
Il est difficile de répondre à cette question tant la volatilité de ces monnaies virtuelles est importante. Par ailleurs, elles n’offrent généralement pas de rendement intrinsèque. Sept cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum, Binance Coin, Cardano, Tether, Binance Coin, XRP) ont à date une valorisation supérieure à 50 milliards de dollars, notamment le Bitcoin dont la capitalisation dépasse 1 000 milliards de dollars. Voici le top 10 des crypto-monnaies :
Crypto-monnaie | Valorisation |
Bitcoin (BTC) | $1,187,594,527,256 |
Ethereum (ETH) | $498,499,129,128 |
Binance Coin (BNB) | $81,453,545,917 |
Cardano (ADA) | $72,047,711,358 |
Tether (USFT) | $69,695,472,535 |
Solana (SOL) | $62,955,647,928 |
XRP (XRP) | $52,752,165,814 |
Polkadot (DOT) | $43,535,460,419 |
Dogecoin (DOGE) | $35,565,146,398 |
USD Coin (USDC) | $32,537,594,311 |
Quelles sont les crypto-monnaies les plus prometteuses ?
Une réponse pourrait être que les leaders d’aujourd’hui seront les gagnants de demain. Si le Bitcoin et l’Ethereum semblent avoir pris beaucoup d’avance en termes de popularité. Il est difficile de prévoir leur évolution à terme. Au-delà de la prime au leader, des cryptocurrencies telles que le Bitcoin font face, dans leur forme actuelle, à des contraintes importantes en termes d’écologie et de dépenses énergétiques.
Comment acheter de la crypto-monnaie ?
Pour acheter de la crypto-monnaie, il faut ouvrir un compte sur une plateforme spécialisée et effectuer un achat en numéraire. Il est également possible pour les mineurs d’acquérir des Bitcoins. Toutefois, cela nécessite désormais des moyens techniques et matériels. Or, ceux-ci ne sont a priori plus à la portée de simples particuliers.
Comment créer une crypto-monnaie ?
On peut s’adresser à des entreprises intermédiaires spécialisées. Il est également possible de créer une crypto-monnaie grâce à la blockchain d’une monnaie déjà existante. On parle alors de « fork » (ainsi le LITECOIN est issu du BITCOIN). Il est aussi possible de créer sa propre blockchain. Généralement, la création d’une crypto monnaie passe par la réalisation d’une « Initial Coin Offering » (ICO). Les créateurs proposent à la communauté d’acheter les jetons créés contre paiement dans d’autres monnaies existantes.
Quelles crypto-monnaies pour 2021 ?
Quel que soit ce que l’on pense du phénomène des cryptomonnaies, il semble difficile de se projeter. La volatilité est encore extrême sur ces types d’actifs. L’essor des crypto-monnaies a sans doute été en partie porté par le phénomène du FOMO (Fear Of Missing Out) ou peur de rater une opportunité. Dans tous les cas, il convient de rester conscient des risques et par prudence de ne consacrer qu’une part minoritaire de son patrimoine à ce type d’actifs.
Publication originale le 4 novembre 2021, mise à jour le 4 novembre 2021
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Epargne & Placements