
Mis à jour il y a 4 ans
Le « crowdfunding », et notamment le « crowdlending » son segment désormais le plus dynamique, est apparu en France il y a quelques années avec l’évolution réglementaire principalement de la loi Macron. Ce nouveau mode de financement alternatif, connait un développement pan-Européen, mêmes si nos voisins anglo-saxons restent encore de loin les plus avancés. Au-delà de l’aspect communautaire et participatif, le crowdlending présente toutes les caractéristiques d’une classe d’actif à part entière pouvant répondre aux attentes des institutionnels et des investisseurs professionnels ou récurrents.
Le développement des fonds de crédit pour les plateformes de crowdlending
Les principales plateformes de crédits online se sont développées en s’appuyant sur une base d’investisseurs individuels, mais également rapidement sur des véhicules dédiés : à savoir des fonds de crédit adhoc qui co-financent, souvent de manière majoritaire, chaque émission. C’est le cas de Lendix via ses fonds ELTIF, financés par des institutionnels ou chez WeShareBonds, de nos fonds de crédit FCT (Fonds Commun de Titrisation) abondés par notre actionnaire minoritaire, La Banque Postale.
Des acteurs spécialisés sont ainsi apparus : les Fonds d’Investissement Alternatifs (FIA) tels que SmartLenders ou Eiffel Investment Group, avec à la clé des accords-cadres en vue de déployer plusieurs dizaines de millions d’euros sur des opérations issus des principales plateformes de crédit.
Ce phénomène n’est pas nouveau dans le monde anglo-saxon avec des montants beaucoup plus significatifs : Prosper.com qui s’est positionné sur les prêts personnels a obtenu un engagement de 5 milliards de dollars sur 2 ans de la part d’investisseurs institutionnels (dans un deal incluant par ailleurs une prise de participation de 35% à son capital). Au Royaume-Uni, il existe des véhicules dédiés – tels que Funding Circle SME Income Fund Ltd (FCIF) qui a vocation à souscrire aux produits de la plateforme Funding Circle ou multi-plateforme tels que P2P Global Investments PLC. Le législateurs a mis en place tout un cadre fiscal afin de favoriser le secteur (Voir notre article sur le crowdfunding au UK vs FR).
Une évolution logique
De fait, les plateformes ont tout intérêt à se rapprocher d’investisseurs institutionnels ou professionnels (familly-offices, trésoriers « corporate »…) afin de pouvoir offrir le maximum de visibilité aux émetteurs concernant leur capacité de financement des opérations, en supprimant l’aléa de la collecte pour se concentrer sur leur activité de base : la sélection et l’analyse des émetteurs. De leur coté, les institutionnels (banques, assureurs) auquel il coûte actuellement de conserver des liquidités (taux annuel négatif de 0,4% sur le montant des dépôts) ou les investisseurs récurrents (HNWI, corporate, disposant de liquidité de manière permanente) peuvent avec le développement de cette nouvelle classe d’actif à moyen terme, accéder en direct à des rendements bruts moyens de l’ordre 6% par/an.
Cette nouvelle classe d’actif dispose désormais d’un historique de plusieurs années, avec parfois des cycles de remboursement complets permettant aux investisseurs de mieux se projeter via une analyse quantitative du track-record. Cette vision normative peut désormais permettre aux investisseurs de pouvoir déployer leurs fonds en analysant le couple risque/rendement historique et de viser le taux de rendement net moyen, sous réserve d’une diversification suffisante.
Funding Circle, le leader européen en termes de prêts aux PME (5 milliards de livres prêtés, 50,000 entreprises), a pris acte de cette réalité. Désirant gommer l’aspect affectif et présenter son offre comme une « commodity », il a ainsi modifié les règles applicables aux souscripteurs : ces derniers doivent désormais passer par la fonctionnalité « autobid » qui sélectionne automatiquement les prêts suivant 2 profils de risques (« Balanced » ou « Conservative »), et par ailleurs, la plateforme a renforcé et simplifié les possibilités de cession de créances sur un marché secondaire. Chez WeShareBonds, nous conservons la possibilité de choisir chaque projet, mais nous avons créé Webot© une fonctionnalité facultative que nous souhaitons cependant mettre en avant, un « robot d’investissement » qui permet au prêteur de configurer son profil de risque et de souscrire de manière automatique à tous les projets entrant dans son scope d’investissement.
Une évolution réglementaire qui va dans le sens de l’émergence d’une nouvelle classe d’actif
Le statut de CIP (Conseiller en Investissement Participatif), créé afin de renforcer le secteur, qui régit la plupart des plateformes de crowdlending, offre de nombreuses possibilités :
- Une gamme de produits : (outre de l’equity) des obligations et également désormais des minibons, produits spécifiquement mis en place pour le financement participatif,
- Un relèvement du seuil par opération à 8M€,
- Une ouverture vers les investisseurs personnes physiques ou morales, sans plafond de montant, dans la limite du montant émis,
- Par ailleurs une modification du code monétaire et financier qui a introduit la blockchain comme moyen d’inscription et de transfert de titre non coté (pouvant faciliter à terme la création d’un vaste marché secondaire).
Que ce soit en termes de montants ou de modalités, la réglementation mise en place ainsi que les réflexions pour une harmonisation au plan Européen, semblent avoir désormais posé les bases pour le développement du crowdfunding et du crowdlending comme une classe d’actif à part entière que ce soit du côté emprunteurs ou préteurs.
Publication originale le 27 septembre 2018, mise à jour le 8 janvier 2020
Sujet(s):
Epargne & Placements