Investir sur internet : Séparer la bonne graine de l’ivraie

Investir sur internet : Séparer la bonne graine de l'ivraie

Mis à jour il y a 3 ans

Investir sur internet en un clic et à tout moment est devenu commode grâce à la démocratisation de l’accès au web. En 20 ans depuis les précurseurs des « brokers » en ligne sur les marchés boursiers, l’offre s’est considérablement étoffée.

Dans un environnement où il ne reste par ailleurs que quelques grandes zones monétaires, l’accès à des produits autour de la planète est d’autant plus facilité.

Grâce au développement des fintechs, d’offres de portefeuilles électroniques, il est possible d’ investir sur internet avec des commissions parfois quasi-nulles, et surtout sans le filtre d’un intermédiaire physique pour modérer les décisions. Mis en avant directement par des sites qui se rémunèrent en tant qu’intermédiaires ou parfois en tant que contreparties, ces placements méritent un certain niveau de vigilance.

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Investir sur internet : Une multitude de produits directement accessibles

Le rôle indispensable des plateformes

La particularité des placements via internet, est qu’outre le fait d’une sélection directe par l’investisseur, en quelques secondes, et souvent sans le filtre d’un échange avec un tiers (que ce soit un broker, un conseiller financier) qui puisse permettre de prendre un minimum de recul, il est également aisé pour les sites et les plateformes proposant tel ou tel type d’investissement, d’exercer facilement des sollicitations directes.

Cela ne signifie pas que les opportunités proposées sont forcément mauvaises (ou plus mauvaises que sur les réseaux physiques), mais sans qu’il s’agisse forcément de produits frauduleux ou d’escroqueries grossières, elles sont accessibles directement sur la base d’une simple page web. Il apparaît donc d’autant plus nécessaire de mettre des gardes fous : accès à l’information, limitation éventuelle des montants, description de l’échelle de risque, information sur l’opérateur du site et de son éventuelle accréditation, et assurance que l’investisseur soit un minimum qualifié pour prendre lui-même la décision d’ investir sur internet en toute connaissance de cause.

Grâce aux nombreux brokers online il est facile d’accéder à toute la série des produits traditionnels : FCPI, SCPI, marché d’action côtés, fonds, immobilier. En règle générale (sans se limiter au canal internet) les particuliers restent dans leur optique assez sage et privilégient les segments traditionnels.

Cependant, dans un contexte où par ailleurs les niveaux de taux sont très bas et la rémunération nette des placements sans risque est nulle voir négative, il est parfois d’autant plus tentant d’aller chercher du rendement sur des produits plus exotiques et sur la base de promesse de rendements.

Des placements avec un niveau de risque élevé pour un public non averti

Chez les traders professionnels, les positions purement spéculatives et unidirectionnelles se font rares, les échanges sont encadrés par des gardes fous : montant global d’exposition, systèmes de couverture, « stop-loss », diversification, appel de marges régulières garantissant que la perte ne dépassera pas ce que l’investisseur est en mesure de supporter. Par ailleurs il s’agit de professionnels, contrôlés, et souvent spécialisés.

Mais souvent rien de tel chez les particuliers, dans ce contexte les régulateurs ont alerté sur plusieurs placements pour leur niveau de risque élevé pour un public non averti :

  • Le marché du Forex : selon une étude réalisée en 2016 sur plusieurs brokers aux Etats-Unis, il apparaissait que statistiquement seulement 10% des particuliers réussissaient à être gagnant sur le long terme. En cause outre des prises de positions spéculatives et unidirectionnelles, la possibilité offerte de jouer avec un fort effet de levier (l’utilisation massive de cet effet apparaissant inversement proportionnelle au niveau d’expérience de l’investisseur).
  • Les CFD : Contrat sur la Différence, il s’agit via un instrument non réglementé de jouer le gain sur le « spread » d’un sous-jacent, sans posséder forcément ce dernier, et par ailleurs de profiter éventuellement d’un fort effet de levier. L’impact peut être énorme : avec un levier de 100, une variation de 1% du produit permet de doubler son capital, ou de le perdre…. Avec 2% à la baisse on perd deux fois ce que l’on possède, lorsque cela est utilisé à des fins spéculatives et non plus comme un instrument de couverture, l’effet peut être radical.
  • Par ailleurs des classes d’actifs plus ou moins atypiques sont apparues souvent sur des actifs réels et non financiers (et donc échappant à leur régulation) où la profondeur du marché n’est pas forcément assurée et qui ne devrait pas forcément faire l’objet d’une vision spéculative mais rester un actif plaisir : vins, œuvres d’art, diamants… Selon une étude réalisée par le CSA pour l’AMF en 2015, un Français sur cinq a déjà été sollicité à ce sujet, un sur vingt aurait fait l’objet d’une arnaque. Ces actifs, présentés comme ayant l’avantage d’être tangibles, ne sont pas exempts de risque : concernant les diamants par exemple, présentés souvent comme un placement miracle, leurs cours ont fortement baissé depuis leurs pics, et à l’exception de quelques pièces rares et coûteuses, ils sont soumis aux aléas de la conjoncture. Difficile pour un profane de juger par ailleurs s’ils ont été proposés au juste prix. Dans un autre ordre d’idées, l’affaire Aristophil concernant l’investissement dans des lettres et manuscrits « célèbres » avait défrayé la chronique. Elle s’était soldée par une débâcle pour les épargnants, les organisateurs du système avaient créé et soutenu artificiellement un marché avant que celui-ci ne s’effondre au final.

C’est dans ce cadre que l’AMF et le législateur via la loi Sapin II, a décidé de renforcer l’obligation d’information, ou d’interdire la publicité sur certains produits. Par ailleurs en 2018, la réglementation communautaire MiFID II pourrait amener à permettre l’interdiction de la commercialisation de certains types de produits jugés trop dangereux.

L’AMF a également décidé de communiquer auprès des particuliers afin de les sensibiliser aux messages trompeurs ou trop vendeurs diffusés par certains brokers ou certaines plateformes d’investissement sur internet, qui minimisent les risques des investissements qu’ils proposent. L’AMF a ainsi diffusé la vidéo ci-dessous :

Le cas du crowdfunding et de sa régulation

Le crowdfunding apparaît comme emblématique car il est réalisé exclusivement via le canal internet, et qu’il donne par ailleurs accès à des actifs qui ne sont pas régulés par des marchés réglementés tels que les marchés boursiers.

Les plateformes de financement participatif sont opérées par des opérateurs qui jouent le rôle d’intermédiaire (parfois leurs actionnaires sont cependant également investisseurs dans les produits proposés, comme c’est ainsi le cas chez WeShareBonds via notre fonds de crédit, ce qui permet de renforcer l’alignement d’intérêt). Elles permettent un investissement direct. Dans le cadre du crowdlending elles ont acté de fait la fin du monopole bancaire sur l’octroi de prêts.

Après l’avènement des pionniers qui opéraient dans le domaine culturel, et certains modèles participatifs qui se rapprochaient du modèle d’achat groupé ou de vente privée pour permettre l’émergence de concepts ou de nouveaux produits, le législateur s’est rapidement emparé du sujet de la régulation des plateformes participatives.

Dans le cadre de la loi Macron, création via l’ORIAS et de l’AMF de plusieurs statuts pour encadrer le financement participatif en equity et en prêt :

Ce cadre a vocation à réguler le domaine du financement participatif, les grands objectifs que l’on peut noter :

  • Agrément de l’intermédiaire, dans la liste est accessible au public
  • Encadrement de l’information sur les sociétés
  • Encadrement de l’accès des investisseurs : concept d’investisseurs qualifiés, procédure de KYC (Know Your Client) visant à s’assurer d’un degré d’expérience du client, d’une limitation dans l’exposition de son patrimoine et à éviter le blanchiment.
  • Limitation des montants : montant global par opération, seuils par investisseurs
  • Préconisations et obligations concernant l’information et sa présentation : mise en forme du site, des messages et du tunnel d’information et des modalités de sollicitation du public. Présentation de statistique de défaut et des niveaux de risque.

Tout cela ne constitue pas une garantie mais vise à s’assurer qu’un certain niveau de qualité, de processus et de transparence sera a priori respecté.

Reste à l’investisseur averti, à faire ses propres diligences, à respecter quelques règles d’or (diversification, couple risque/rendement, objectifs de liquidité), et cela ne s’applique pas qu’aux investissements via internet.

Publication originale le 25 avril 2017, mise à jour le 10 janvier 2020

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