
Mis à jour il y a 4 mois
Les épargnants particuliers — tout comme les investisseurs professionnels d’ailleurs — ont été confrontés depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, à un environnement peu prévisible entre crise de la Covid-19, valorisations élevées et interrogations sur la croissance économique.
Cependant, malgré la crise sanitaire, les performances des actifs « risqués » ont été remarquables ces deux dernières années. Mais, il n’est pas toujours aisé d’y voir clair dans l’environnement actuel. Ainsi, par exemple, les Français ont accumulé une épargne forcée importante depuis le début de la crise, et se sont massivement portés sur les solutions liquides et sans risque, telles que les livrets d’épargne.
Si elles ne sont pas optimales à long-terme et rapportent peu, ces solutions généralement sans risque peuvent néanmoins offrir une solution d’attente, à mi-chemin entre compte courant et investissement.
Au-delà des livrets d’épargne, la difficile recherche du rendement
Pas facile de trouver le bon équilibre entre risques, rendements et contraintes de liquidités. La recherche de la meilleure solution pour s’assurer un rendement est devenu un exercice souvent ardu dans l’environnement actuel. D’autant plus que les actifs dits « sans risque » ne rapportent quasiment plus rien, alors que l’inflation semble par ailleurs repartir.
Pire, de nouvelles contraintes sont apparues : taux négatifs désormais appliqués sur les soldes trop importants des comptes courant des clients par certaines banques, nouvelles conditions sur les contrats euros de l’assurance-vie (garantie, mix, détention).
Le crowdfunding immobilier, tel que nous le proposons sur WeSharebonds, est l’une des nouvelles solutions désormais à la disposition des investisseurs permettant une bonne diversification et un bon compromis en termes de couple risque/rendement. Cependant, si l’on souhaite avoir de l’argent restant toujours immédiatement disponible, il convient de s’orienter vers des placements plus liquides et une épargne en numéraire sur des comptes ou livrets rémunérés. Ceux-ci bénéficient par ailleurs d’une garantie des dépôts.
Qu’est-ce que l’épargne bancaire ?
Par définition, l’épargne est la part du revenu économisée qui n’est pas consacrée à la consommation. Avec la crise sanitaire, les taux d’épargne (épargne sur revenu disponible) ont considérablement augmenté en France et dans de nombreux pays.
En effet, outre les interrogations des gens par rapport au futur les incitant à constituer une épargne de précaution, ces-derniers ont été confrontés — même dans les pays où la population était moins encline à épargner — à une épargne forcée du fait de l’impossibilité de consommer (confinement, restrictions sur les sorties et les voyages…). Ce d’autant plus qu’en France le pouvoir d’achat des Français a été maintenu grâce au soutien de l’État aux entreprises (chômage partiel, PGE) ce qui a permis une plus grande disponibilité de ressources à épargner.
On considère d’ailleurs que la vigueur de la reprise dépendra en grande partie de la vitesse à laquelle les Français décideront de dépenser le bas de laine de 200 milliards d’euros qu’ils ont accumulé. Concernant cette épargne, on peut distinguer plusieurs typologies :
- L’épargne financière : éléments liquides ou comptes courants et livrets bancaires, livrets dits règlementés (PEL, livret A), et solutions financières classiques (actions, SICAV, fonds, obligations) avec un risque plus important et où l’on vise souvent une plus-value.
- L’épargne non financière : qui comporte principalement les actifs immobiliers, au premier rang desquels le logement
- Des catégories à part : les biens durables (types bijoux, voitures, œuvres d’art, équipements de la maison…) et les biens professionnels
On peut considérer que l’épargne bancaire concerne les placements qui restent disponibles et liquides rapidement et déposés sur des comptes rémunérés (livrets bancaires, livrets réglementés). Il peut s’agir d’une solution d’attente et de thésaurisation de précaution, par opposition à des investissements productifs.
Quel est le compte ou livret d’épargne qui rapporte le plus ?
La réponse à cette question reste très relative. Ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il faut distinguer deux types de livrets :
- Les livrets réglementés, tels que le livret A, le PEL ou les Livrets Jeunes qui sont défiscalisés. Mis en place par les pouvoirs publics, leur détention et conditions sont réglementées (nombre de livrets par personne, limite de montant et taux fixés par l’État). Les taux sont désormais très largement en dessous de 1%.
- Les comptes courants rémunérés : depuis 2005, des banques proposent en France des comptes courants rémunérés, mais les taux sont également très faibles. Certains livrets ont un rendement « boosté » de quelques pourcents, mais cela se limite généralement au premier versement, pour une durée et un montant limité. Il existe également des CAT (Comptes à Terme) qui proposent de bloquer les liquidités sur une certaine durée contre rémunération (il reste possible de débloquer ces fonds avec une pénalité ou une annulation de la rémunération). Les intérêts perçus sont par ailleurs fiscalisés (désormais via le prélèvement forfaire unique ou “flat tax“ : 12,8% d’impôt sur le revenu + 17,2% de prélèvements sociaux). Par ailleurs, à l’inverse, certaines banques prélèvent des frais (d’environ 0,5%) sur les soldes trop importants détenus sur leurs comptes courants par leur client ; en effet, les liquidités passives sur les comptes coûtent de l’argent aux banques du fait de la politique de taux négatifs de la BCE et des contraintes réglementaires qui sont liées aux dépôts !
Certes les taux observés sont à rapprocher d’un niveau d’inflation qui était au plus bas, mais ces placements ont désormais un taux net (taux brut moins inflation) négatif. Certains produits tels que le PEL (Plan Épargne Logement) ont même perdu de leur avantage : les emprunts immobiliers à taux bonifiés fixés par l’État, auxquels ils donnent accès, offrent désormais des conditions moins avantageuses que celles proposées par les banques (environ 1% sur 20 ans…).
Par ailleurs, le mode de calcul des intérêts implique parfois des durées minimum (tranche révolue de 15 jours pour une prise en compte). Le graphique ci-dessous montre la rémunération du livret A comparée à l’inflation sur une période de 40 ans. Malgré des taux parfois largement plus élevés du fait du niveau de l’inflation, le rendement net a rarement dépassé 2%/an et s’est même parfois situé en territoire négatif, ce qui est le cas actuellement (malgré un léger relèvement de la rémunération envisagé en 2022)

Source : Wesharebonds, https://france-inflation.com, https://fr.wikipedia.org/
Comparatif : quel est le meilleur taux de livret ? Quels sont les taux des livrets ?
Les livrets sont une solution certes flexible et qui peut être jugée préférable qu’un simple compte courant, cependant les niveaux de rémunération sont désormais très faibles malgré une exonération fiscale pour les livrets réglementés. Attention par ailleurs de bien gérer ces flux et de ne pas détourner des sommes nécessaires de son compte courant, au risque de s’exposer à des agios qui annihileraient rapidement tout gain !
Les livrets sont avant tout des produits d’épargne populaire, qui permettent de bancariser une partie de l’épargne afin qu’elle puisse servir au financement de l’économie (logements sociaux par exemple). Ils peuvent être un outil de recrutement commercial ou de fidélisation pour les banques de réseaux, qui peuvent attirer de nouveaux clients par ce biais à l’occasion de l’ouverture d’un compte.
Les livrets réglementés (livret A par exemple) ont des conditions de détention restreinte (un livret par personne, solde minimum, montant maximum) même s’ils sont défiscalisés De même les livrets bancaires ont parfois des montants capés. À l’exception des offres de bienvenue qui peuvent s’élever à 3% ou 4% pour un temps, les rémunérations proposés dépassent rarement 0,5%/an et souvent moins (comme en atteste un panorama des livrets du site Moneyvox). Rendements auxquels il faudra de plus déduire la fiscalité.
En pratique, les livrets bancaires seront plutôt utilisés une fois que le seuil des livrets réglementés (Livret A, PEL…) aura été épuisé. Les livrets réglementés peuvent être utilisés pour constituer une épargne pour les enfants, possiblement dès la naissance. Sans rapporter énormément, ils permettent de prendre date, et dans le cadre du livret A, les sommes placées auraient sur la durée évité l’érosion liée à l’inflation, et ceci sans fiscalité.
Comptes et livrets d’épargne : panorama (livret boosté, livrets fiscalisés et défiscalisés, plafonds, rémunération…)
Les livrets — comme les comptes en banque — bénéficient d’une garantie à hauteur de 100 000 euros par établissement et par client en cas de défaut de la banque (cette éventualité, souvent jugée théorique, était redevenue d’actualité avec la crise des subprimes de 2008).
Les dépôts sont ainsi couverts par le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR). Les livrets bancaires répartis dans plusieurs établissements financiers peuvent présenter une solution protectrice des liquidités en profitant de la garantie des dépôts (d’autant plus que l’ouverture d’un compte ou livret bancaire peut généralement être facilement réalisée via les banques en ligne).
Certains dispositifs tels que le PEL, qui donnaient droit à des taux bonifiés ont perdu de leur intérêt du fait que les conditions offertes par l’état sont désormais moins avantageuses que celles du marché.
Le gouvernement a fourni un récapitulatif des différentes solutions en termes de livret d’épargne, dans le tableau ci-dessous :
Dénomination | Public concerné | Minimum | Plafond | Disponibilité | Intérêts | Fiscalité |
Livret A | Tout public | 10 € | Particulier : 22 950 € Association : 76 500 € | Fonds disponibles | 1 % | Exonération d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux |
Livret de développement durable et solidaire (LDDS) | Personne majeure | 15 € | 12 000 € | Fonds disponibles | 1,00 % | Exonération d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux |
Livret d’épargne populaire (LEP) | Personne à revenus modestes | 30 € | 7 700 € | Fonds disponibles | 2,2 % | Exonération d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux |
Livret jeunes | 12-25 ans | 10 € | 1 600 € | – Fonds disponibles – Retraits soumis à autorisation avant 16 ans | 1 % minimum | Exonération d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux |
Compte épargne logement (CEL) | Tout public | 300 € à l’ouverture +75 € en cours de vie | 15 300 € | Fonds au-delà de 300 € disponibles | 0,75 % + prêt à taux réduit et prime d’État | Taxation à l’impôt sur le revenu (depuis 2018) et aux prélèvements sociaux |
Plan d’épargne logement (PEL) | Tout public | 225 € à l’ouverture et 540 € par an jusqu’à 10 ans | 61 200 € | Fonds disponibles, mais si retrait dans les deux premières années, les intérêts sont ramenés au taux du CEL | Entre 1 % et à 2,5 % + prêt à taux réduit et prime d’État | Exonération d’impôt sur le revenu pour les PEL de moins de 12 ans, mais imposition aux prélèvements sociaux |
Plan d’épargne retraite populaire (Perp) | 18-75 ans | Fixé par l’organisme financier | Pas de plafond de versements, mais plafond de déductibilité fiscale des cotisations | – Fonds indisponibles – Retrait anticipé possible dans certains cas exceptionnels | Rente viagère ou rente viagère + capital | – Rente viagère taxée comme retraite – Capital imposé au taux forfaitaire de 7,5 % ou au barème |
Compte à terme | Tout public | Fixé par l’organisme financier | Pas de plafond | Fonds indisponibles avant le terme, sinon pas d’intérêts | Fixés par la banque (taux fixe, progressif ou variable) | Taxation à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux |
Compte ou livret d’épargne bancaire | Tout public | Versements libres | Pas de plafond | Fonds disponibles | Fixés par la banque : entre 0,2% et 1,5% pour les livrets ordinaires et jusqu’à 4% pour les superlivrets (période limitée) | Taxation à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux |
Quelle épargne choisir ? Quel compte ouvrir pour épargner ?
Finalement, nous l’avons vu, les livrets d’épargne et livrets bancaires ne sont souvent qu’une solution par défaut, un placement d’attente opportuniste qui ne peut pas tenir lieu de stratégie d’investissement sur le long-terme. Il faut par ailleurs bien s’assurer des caractéristiques (taux, disponibilité, montant, frais…).
Offrant une certaine sécurité (attention à vérifier éventuellement auprès de l’AMF ou de l’ACPR les agréments des distributeurs, et à se détourner des offres apparaissant comme trop alléchantes), les livrets bancaires et d’épargne offrent une solution de diversification et d’attente avant une allocation sur des supports et des opportunités susceptibles d’offrir un meilleur rendement à terme.
Ils sont donc avant tout un complément simple et limité, comme alternative à la simple ouverture d’un compte courant. Ils n’offrent pas un substitut aux différentes solutions d’investissements classiques et à la panoplie de produits d’épargne dans l’économie réelle : plus risqués et en moyenne plus rémunérateurs sur le long terme (valeurs mobilières, actions, obligations, bourse, private equity, PER, crowdfunding, immobilier, fonds, assurance-vie et UC…).
La fiscalité avantageuse ne saurait être un argument (à la différence des livrets d’épargne réglementée, les livrets bancaires n’en bénéficient pas, les intérêts sont reportés sur l’avis d’imposition et sont imposés à la flat tax) car elle sera relativement négligeable au vu des niveaux de rémunération proposés.
On pourrait dire la même chose de l’assurance-vie, dont les contrats euro offrent désormais des taux de rémunération réduits (quoique supérieurs aux livrets), mais celle-ci conserve des avantages par ailleurs en termes de transmission du patrimoine. Attention cependant à la solidité financière des assureurs et aux contraintes de retrait dans le cadre de la loi Sapin 2 en cas de crise majeure.
In fine, il n’y sans doute pas de meilleure solution ou de support idéal. Les livrets bancaires et les livrets d’épargne constituent avant tout une solution populaire et un produit d’attente ou de repli dans avant d’avoir finalisé une véritable stratégie d’investissement.
Publication originale le 18 mars 2022, mise à jour le 18 janvier 2023
Sujet(s):
Epargne & Placements