
Mis à jour il y a 1 an
Chaque année, les investisseurs sont amenés à se poser la question de la stratégie à adopter pour la période à venir. Néanmoins, si la périodicité annuelle permet de faire un point régulier, de réaliser certains arbitrages (éventuellement du fait de la fiscalité), avoir une approche court-termisme n’est pas forcément la démarche la plus rationnelle. En effet, une démarche d’investissement aboutie prendra en compte les contraintes de liquidité. Celle-ci adoptera une approche diversifiée afin d’optimiser le couple risque/rendement et une démarche intégrant des actifs à plus ou moins long-terme afin de maximiser l’espérance de rendement. Cela dépasse donc une vision purement annuelle et calendaire.
Pourtant, cette fin d’année peut être l’occasion de faire un point en termes de perspectives après presque deux ans de pandémie de Covid-19 et alors que des espoirs de sortie de la crise sanitaire apparaissent. D’autant plus que malgré la crise, paradoxalement, la valorisation de la plupart des actifs a continué sa hausse pour s’inscrire à des plus hauts historiques…
Le niveau de valorisation des actifs : la question de 2022 ?
2021 se termine avec une deuxième année de crise sanitaire. L’allégement des contraintes et la fin des confinements – qui ont cependant repris dans certaines régions – ont permis aux économies de repartir. Le rebond de l’activité économique a de plus profité d’effets de rattrapage. Un peu partout – et notamment en France où le pouvoir d’achat des Français a pu être malgré tout maintenu – les ménages ont accumulé une épargne forcée importante. Celle-ci est désormais disponible pour consommer.
En France, on estime ainsi l’épargne supplémentaire accumulée à environ 200 milliards d’euros. Cotés marchés financiers, après un creux en 2020 au plus fort de la crise, les marchés boursiers n’ont guère attendu pour reprendre leur marche en avant. Ils ont même dépassé leurs niveaux historiques. Quant aux actifs immobiliers, ils n’ont que peu souffert dans leur ensemble, notamment le logement. En effet, ce dernier continue de bénéficier d’une demande forte. Cependant, des questions se posent sur les actifs commerciaux et de bureaux.
Les marchés boursiers au plus haut : est-ce tenable ?
Au niveau mondial, les marchés américains (S&P500, Nasdaq), asiatiques ou européens, ont tous connu cette année des plus hauts historiques. En termes de ratio, les marchés américains ont largement retrouvé les niveaux de valorisation connus à la veille de la crise de 1929… Les marchés japonais ont eux atteint leur niveau record de 1990 qui précédait le « krach » de son économie. De son côté, le CAC40 a pour la première fois dépassée les 7000 points. Il a ainsi battu le record connu lors de la bulle internet en 2000 (en intégrant les dividendes perçus par les sociétés : la gain aurait été de +92% sur la période).
Pour autant, peut-on relativiser les niveaux atteints ? La hausse du CAC40 depuis début 2021 est de +27% (et un rebond de quasiment x2 depuis le point bas du premier confinement en 2020). Et ce, avec pour la première fois le seuil atteint des 7000 points. Mais, cela s’expliquerait en partie par une hausse équivalente des profits des entreprises composant l’indice et de bonnes perspectives. Par ailleurs, les comparaisons historiques sont parfois difficiles.
Ainsi, lors de la bulle internet et du précédent record, l’indice CAC40 avait une forte composante technologique avec une forte présence de « Goodwill » et d’actifs parfois non profitables dans les bilans. Tandis qu’un des grands gagnants actuels est le secteur du luxe qui a des marges importantes. Par ailleurs, du point de vue d’un investisseur international, la valeur des actifs en euros s’est dépréciée de plus du 8% depuis début 2021. Et ce, du fait de la forte appréciation de la parité $/€.
Outre atlantique, les marchés ont été portés notamment par les entreprises du secteur de la tech. Parmi ces dernières, certaines : Apple, Tesla, Facebook, Amazon ont désormais une capitalisation dépassant parfois individuellement les 2000 milliards. Cela représente plus que la valorisation totale du marché français… Avec des niveaux parfois stratosphériques anticipant des évolutions. Mais, également des taux de croissance future attendus pour des sociétés qui ont vu leurs fondamentaux portés par une digitalisation accélérée de l’économie.
De nombreux épargnants, confortés par les périodes récentes, sont également devenus investisseurs. Que ce en bourse (ou dans d’autres actifs tels le Bitcoin). Et ce, pour y investir entre autres les chèques versés par l’administration dans le cadre de la crise sanitaire. L’analyse du contexte outre-Atlantique est cependant différente de la France. En effet, les Américains sont par nature massivement exposés aux marchés financiers. Et ce, notamment par le biais de leurs plans de retraite par capitalisation.
Les entreprises Françaises ont reconstitué leurs marges
Autre point à prendre en compte : le niveau de taux de marge des entreprises françaises aurait atteint un plus haut historique depuis l’après-guerre. Il faut cependant modérer ce chiffre :
- Un effet de rattrapage économique à la suite des épisodes de confinement ;
- L’impact positif du soutien à l’activité et aux entreprises. Ainsi que la politique du quoi qu’il en coûte (allégement de charges, chômage partiel…) ;
- Les menaces posées par un retour de l’inflation et une hausse des coûts (matière premières, énergie, salaires… ;
- Le niveau important de marge correspondrait également à une nécessité économique pour financer des business-model beaucoup plus gourmands en investissements. Et ce avec la dépréciation des actifs qui en découle. Mais aussi, l’obligation de générer un cash-flow suffisant pour financer ces investissements.
« FOMO » et « TINA » de puissants vecteurs ?
Quelles que soient les classes d’actifs, les investisseurs dans le contexte actuels peuvent être taraudés par deux phénomènes :
- Le constat TINA « There Is No Alternative » (il n’y a pas de plan B »). Cette approche part d’un constat rationnel : le risque est actuellement très mal rémunéré. En effet, les taux sont au plus-bas (assurance-vie par exemple) pour les actifs sans risque. Dans ce contexte, cela pousse à un report vers des actifs plus risqués et liquides tels que les marchés boursiers. Effectivement, dans un contexte de reprise possible de l’inflation – qui érode la richesse des investisseurs inactifs – ne rien faire ne semble pas une option. Et ce, au risque de parfois de « surpayer » les investissements ;
- Le FOMO « Fear Of Missing Out » (« peur de manquer une opportunité »). Cela revient à entériner le fait qu’au-delà des fondamentaux, les valorisations sont avant tout le fait d’une confrontation de l’offre et de la demande. Dans un contexte haussier, et avec un accès en temps réel 24/24h à de nombreuses informations et opportunités d’investissements, les investisseurs sont incités à « prendre le train en marche » (les plus cyniques appliqueront la « théorie de l’idiot » consistant à acheter un actif non pas pour ses fondamentaux, mais parce qu’ils pensent que du fait du momentum il y aura toujours un autre investisseur prêt à le racheter à un prix plus élevé).
Les marchés financiers sont-ils trop chers ?
Par définition, les marchés boursiers obéissent à la loi de l’offre et de la demande. Lorsque les liquidités sont abondantes, cela pousse à la hausse le prix des actifs. Par ailleurs, les taux d’intérêts bas incitent les investisseurs qui cherchent un certain rendement à acheter des actifs plus risqués. Et notamment, des actifs risqués tels que les actions. De surcroît, les taux bas sont censés favoriser l’activité économique et par voie de conséquence les performances des entreprises.
L’investissement en actions implique forcément de se projeter dans l’avenir, en prenant en compte le potentiel de développement des entreprises. Pour prendre un cas caricatural : Tesla le constructeur automobile (dont le fondateur Elon Musk est devenu l’homme le plus riche du monde) a adopté une démarche innovante dans le domaine des voitures électriques. Cependant, sa capitalisation vaut à elle seule déjà plus que celle de l’ensemble des autres acteurs de l’industrie automobile. Certains diront que c’est justifié du fait de la croissance de l’entreprise malgré de faibles parts de marché, d’autres diront que c’est exagéré.
D’un point de vue global, l’indice CAPE ou Shiller PE permet de rapporter le prix (ou capitalisation) des actions à leur multiple implicite par rapport au profit dégagé par les entreprises. Cet outil n’est pas parfait et mérite d’être complété par d’autres analyses (croissance, etc). Toutefois, il permet d’objectiver un niveau plus ou moins élevé des marchés.

Le marché immobilier dans une dynamique toujours positive
L’activité immobilière dans son ensemble termine l’année en fanfare. Et ce, que ce soit au niveau du nombre de transactions ou au niveau des prix au m². De manière générale, en France, la demande de logements reste toujours forte. Valeur refuge par excellence, l’immobilier semble avoir largement respecté sa réputation en 2021 :
- Les prix ont continué à augmenter. Et ce, dans une moindre mesure dans la capitale, de manière plus marquée dans le Grand Paris. Mais également par capillarité dans les principales métropoles et dans les zones rurales (dont l’indice des prix a retrouvé le niveau d’avant crise de 2008). Portées par diverses tendances (télétravail, résidence secondaire…) beaucoup de régions françaises ont profité de cette tendance ;
- Les SCPI (investies à 94% en immobilier d’entreprise, dont majoritairement de bureaux) ont retrouvé une bonne dynamique. Elles ont conservé des rendements supérieurs à 4%. Sans cependant renouer avec les records de 2019 en termes de collectes et de rendements. Certaines thématiques comme la santé, l’éducation, la logistique ou les portefeuilles diversifiés sont particulièrement appréciées. Le bureau reste toujours la principale classe. Et ce, malgré les interrogations sur le télétravail. Néanmoins, les actifs liés au commerce, à l’hôtellerie, au tourisme et aux loisirs, ont connu plus de difficultés ;
- Les schémas fiscaux en faveur de l’investissement locatif (Malraux, Pinel, Denormandie…) permettant de diminuer les impôts sur le revenu sont restés en place. Les conditions de financement et d’emprunt immobilier sont toujours très favorables.
Par ailleurs, la crise de la covid-19 aura été l’occasion d’accélérer certaines tendances. Que ce soit : le développement de l’e-commerce et de la logistique, la décentralisation territoriale. Ou encore l’apparition de nouveaux formats facilités par la digitalisation (flex-office, co-working, coliving…).
Toujours est-il que la tendance à la décorrélation entre le revenu des ménages et la valeur de l’immobilier demeure. Même si jusqu’à présent, des conditions d’emprunt et de financement historiquement favorables (taux 1,05% sur 20 ans et durée moyenne des prêts immobiliers 233 mois) ont permis globalement de maintenir le pouvoir d’achat immobilier des Français.
Des conditions d’emprunt immobilier durcies en 2022
Le ratio d’endettement des ménages sur leur revenu disponible à doublé en 10 ans. Le HCSF (Haut Conseil de Sécurité Financière) s’est d’ailleurs emparé du sujet. A compter de 2022, il va imposer des restrictions aux banques pour l’octroi de crédits immobiliers:
- Taux d’effort de 35% (revenu net sur mensualité de la dette) maximum ;
- Durée maximale de 25 ans dans l’ancien et de 27 ans dans le neuf.
Si la plupart des dispositifs fiscaux d’investissement (Pinel, Malraux…) ont été prorogés, la loi Climat et Résilience va par ailleurs imposer des contraintes nouvelles pour les propriétaires de logement. Et ce, en termes de qualité énergétique et environnementale qui devraient progressivement être mises en œuvre dans les prochaines années.
Dans tous les cas, plus que jamais, investir dans l’immobilier impliquera sans doute d’être toujours plus sélectif.
2022 : année de la prudence ?
Le constat d’une « exubérance irrationnelle » des marchés – selon la célèbre formule prononcée en 1996 par Alan Greenspan, ex-Président de la Réserve Fédérale des États-Unis – avait néanmoins précédé de plusieurs années le pic historique de la bourse et la « bulle internet ». S’il n’y pas de timing idéal pour investir, 2022 peut-il constituer une année charnière ?
Exubérance irrationnelle des marchés ?
De nombreuses voix ont commencé ces dernières années à s’élever pour s’interroger sur les niveaux de valorisation atteints par la plupart des actifs. Les économies – mais surtout le prix des actifs – ont en effet été massivement soutenues depuis la crise des « Subprime » par les politiques « accommodantes » des Banques Centrales. Ces politiques ont mené à des taux d’intérêts négatifs, alimentés par les rachats d’actifs massif des Banques Centrales. Avec une rémunération du risque très faible, les investisseurs ont eu tendance à s’orienter vers les actifs risqués. Jusqu’à la création de bulles ?
C’est en tout cas la thèse avancée par exemple par des financiers tels que Georges Ugeux dans « La Descente aux enfers de la finance » ou plus récemment Laurent Berrebi dans « Monnaie et capital : La nouvelle économie patrimoniale ». Mettant en avant le rôle primordial joué par les politiques accommodantes des banques centrales.
Des acteurs de premier plan tels que Warren Buffet ont d’ailleurs réduit leur investissement en 2021 (accumulant un montant record de liquidités de 159 milliards de dollars). Manquant en partie la hausse des derniers trimestres mais affichant par là même une certaine prudence.
2022 : le retour de l’inflation ?
L’inflation aurait atteint aux Etats-Unis, 6,2 % et en zone euro 4,2 %, un niveau inconnu depuis des décennies. Par ailleurs, on assiste un peu partout à une forte hausse de l’emploi. Ainsi qu’à une baisse des taux de chômage et à une pression à la hausse sur les salaires.
Difficile de dire cependant si l’inflation va se maintenir durablement ou s’il s’agit en partie d’un phénomène passager. En effet, des difficultés d’approvisionnement – avec certaines usines tournant au ralenti – confrontées à une reprise de la demande alimente les hausses de prix. La reprise a en effet entrainé à court terme des opérations de restockage (entrainant parfois des ruptures d’approvisionnement et de véritables pénuries comme c’est actuellement le cas dans l’industrie automobile) ainsi qu’une inflation des coûts logistiques. Par ailleurs, les coûts de l’énergie et des matières premières ont rejoint des plus hauts historiques.
Les prévisions de croissance du PIB en France pour 2021 s’établissent à plus de 6%. Soit un rebond de l’activité rarement vu. Il faut cependant relativiser. Il s’agit avant tout d’un retour au niveau de 2019 après les creux engendrés par la crise sanitaire, une sorte de retour à la normale.
Vers une hausse des taux ?
Jérôme Powell – qui est classé plutôt comme un pragmatique – vient d’être reconduit par Joe Biden à la tête de la FED. Concernant la BCE, sa présidente Christine Lagarde n’a pas spécifiquement émis de message dans le sens d’une hausse prochaine des taux. Idem du côté de la Banque d’Angleterre. Pas de message très clair pour l’heure donc sur un calendrier de relèvement des taux directeurs des différentes Banques Centrales.
Cependant, ces dernières elles ont amorcé une diminution de leur programme de rachat d’actifs. Or, en rachetant des actifs les banques augmentent la demande pour ces actifs (par exemple des obligations). Elles contribuent de ce fait à maintenir les taux à un niveau bas, voire négatif. Les niveau des taux constituent le point d’équilibre entre offre et demande de dette. Ainsi, en augmentant le demande, les Banques Centrales poussent les rendements à la baisse.
Toutefois, si les perspectives d’inflation se confirment et que les politiques monétaires deviennent moins accommodantes, les niveaux des taux augmenteront fatalement. Ce mouvement semble avoir déjà légèrement commencé.
L’impact négatif d’une hausse des taux sur l’activité et le prix des actifs
En théorie, une hausse des taux a deux conséquences :
- Elle rend l’endettement plus cher et le financement de nouveaux projets moins facilement rentable. En effet, le coût du financement doit rester inférieur au gain attendu du projet pour l’investisseur. (Et pour le banquier, un montant plus élevé des intérêts implique un projet d’autant plus qualitatif pour être éligible à un financement) ;
- Elle participe à une baisse du prix des actifs. Effectivement, avec des taux élevés, il est moins facile d’emprunter et d’obtenir des liquidités. Cela réduit d’autant le « budget » disponible pour les investisseurs. Par ailleurs, le niveau des taux d’intérêts est utilisé pour calculer le prix des actifs : c’est ce qu’on appelle « l’actualisation ». Ainsi, par exemple, si un actif m’offre la séquence de flux suivante sur 5 ans : 5$/an reçus pendant 4 ans et 105$ (100$+5$) la dernière année, je serais prêt à le payer aujourd’hui 100$ si je vise un rendement de 5%. Mais, si je vise un rendement de 10% pour le même investissement, je vais réduire le prix que je suis prêt à payer à 81$. Or, les exigences de rendement sont liées aux objectifs de chacun. Mais, également au niveau des taux d’intérêts du marché (ainsi si les taux sans « risques » sont à zéro, je vais sans doute me contenter d’un rendement de 2% pour mon investissement. Si par contre ma banque m’offre désormais des placements peu risqués avec un rendement de 5%, je vais exiger au moins ce niveau de rendement. Voir un niveau supérieur selon le risque : que ce soit actions, immobilier ou autre…).
Quelle situation sanitaire en 2022 ?
2021 aura vu certains risques politiques se cristalliser ou se dénouer (élection de Biden aux États-Unis par exemple). Mais également un tournant dans la situation de la crise sanitaire, qu’on espère décisif, avec l’apparition de vaccins pour lutter contre la pandémie de Covid-19.
Pourtant, le risque lié à l’épidémie n’est toujours pas complétement écarté comme en témoigne le retour de confinements en Europe ou encore l’apparition de nouveaux variants comme Omicron notamment. Entre pénuries d’approvisionnements et possibles reconfinements, difficile de se projeter sur un rythme réel de reprise économique.
Les défis de 2022 ?
Au niveau économique, l’année 2022 sera-t-elle celle des vents contraires ? Alors que la reprise économique semble se confirmer, de nouveaux défis pourraient mettre à mal la dynamique de la reprise économique :
- Fin progressive du soutien budgétaire massif des États aux économies ?
- Inconnu sur le fait que les ménages vont constituer et préserver une épargne de précaution ou augmenter leur consommation ;
- Difficultés d’approvisionnements et risque de pénuries ou d’un autre côté fin de l’effet « rattrapage » ;
- Possible début d’un cycle de hausse des taux d’intérêts et fin du « quantitative easing » des Banques Centrales ;
- Rebond possible de la crise sanitaire et de la pandémie de la Covid-19.
Allocations 2022 que faire ?
Dans son communiqué de novembre 2021, le Comité de Stabilité Financière de la BCE a mis le doigt sur le risque de correction de certains marchés. Et ce, en reprenant à son compte le terme « d’exubérance ». De son côté la banque Morgan Stanley, dans un point récent de conjoncture, s’est interrogée sur l’impact d’une réduction de l’intervention publique. Notamment avec la fin du « quoi qu’il en coûte » et du soutien des Banques Centrales. Employant l’expression imagée « training wheels are coming off » (“rouler sans les petites roues”) la Banque a synthétiquement illustré l’impact sur l’économie. Mais également les différents marchés que représenterait un tel mouvement. Invitant ainsi à la prudence à moyen-terme.
Investir en 2022 : avoir et prendre son temps ?
Certaines banques telle qu’Amundi se sont interrogées sur un retour possible de la stagflation (un retour de l’inflation, mais sans croissance).
En période d’incertitude, inutile de se précipiter. Par ailleurs, une hausse des taux pourrait impacter le prix des actifs. D’autant plus s’ils ont une duration longue (c’est-à-dire que leur prix et fortement impacté par une variation des taux).
Faut-il opter pour des durées d’investissements plutôt de court, ou bien de long-terme ? Toujours est-il qu’il ne faut sans doute pas trop s’exposer ou avoir des contraintes de liquidité (risquer de devoir revendre ses actifs rapidement) étant donné les fluctuations possibles sur le prix des actifs. Investir plus régulièrement peut être également un moyen de gommer les incertitudes. Autrement dit, « avoir le temps et prendre son temps ».
L’effet de levier : le meilleur ennemi ?
Avec les niveaux de taux historiquement bas, il est tentant de profiter de l’effet de levier. Notamment, en finançant une partie de son investissement par dette à un coût quasiment gratuit. Sur le long-terme, cela peut sans doute être un pari gagnant. D’autant plus que dans l’immobilier résidentiel, par exemple, le montant des prêts est calibré sur le niveau des revenus et non adossé à la valorisation des actifs.
Dans le contexte actuel, un effet de levier non maîtrisé (et adossé à la valeur d’actifs ou à un rendement prévisionnel) peut s’avérer très risqué en cas de turbulence et de fortes sur les valorisations. Rien de pire que d’être obligé de céder un actif au plus mauvais moment pour faire face à ses dettes. Garder une marge de sécurité (décote) suffisante entre la valeur des actifs financés et la dette est sans doute préférable. Être prudent sur les revenus prévisionnels et le service de la dette, éviter les actifs illiquides est sans doute plus que jamais nécessaire. Et ce afin de profiter des conditions de taux favorables, sans se surexposer à des incertitudes.
À la recherche de rendements pour placer son argent
Ces dernières années, on a connu l’ère des rendement nuls sur les actifs sans risques. Cela a cependant eu pour conséquence de favoriser un autre type de rendement : celui issu des plus-values générées à la revente par la hausse du prix des actifs (immobilier, actions, bitcoin…). Valorisations elles-mêmes poussées à la hausse par l’afflux de liquidités des Banques Centrales. Ainsi que les conditions favorables de crédit, qui ont incité les investisseurs à investir dans des actifs dont le prix était promis d’augmenter au détriment du rendement intrinsèque (coupon, loyer, dividende…).
Le nouveau paradigme peut cependant inciter à se détacher de la recherche de la plus-value à tout prix :
- Privilégier une gestion « value » en privilégiant des actifs qui offrent une certaine récurrence et un rendement plutôt élevé ;
- S’ouvrir à des actifs alternatifs : le crowdfunding immobilier par exemple, offre des rendements de 8% à 10% avec des maturités plutôt courtes. Mais également une liquidité programmée, et de fortes possibilités de diversification. Reste bien sûr à évaluer le niveau de risque en mettant en place un niveau de sûreté nécessaire (caution, hypothèques…). Ou encore en diversifiant et en évitant les forts effets de levier ainsi que les risques d’illiquidité trop évidents.
FAQ :
Où investir en immobilier en France ? Dans quelle ville faut-il investir en immobilier en 2022 ?
Dans le cas d’une résidence principale, la localisation de l’achat sera par nature implicitement fixée (reste à prendre la décision d’acheter ou de louer…). Par ailleurs, avec le développement du télétravail et l’attractivité des résidences secondaires, les métropoles de second rang et les zones littorales ont connu une hausse particulièrement marquée. Le Grand Paris a également profité de la tendance, ainsi que dans une moindre mesure Paris intra-muros. Le contexte a été celui d’une poursuite d’une hausse généralisée du prix des logements. L’indice de prix des zones rurales a même retrouvé son niveau de 2008.
Pour un investissement locatif, au-delà de l’attractivité de la ville (ville universitaire, pôle économique, transports, cadre de vie…), l’Indice de tension immobilière (ITI) peut aider à mesurer la pression foncière et l’équilibre entre l’offre et la demande. Dans certaines zones sous-tension, il existe encore des dispositifs fiscaux (Pinel, Malraux, Denormandie…) qui permettent de profiter d’économies d’impôts conséquentes. Et ce, moyennant l’achat d’un bien neuf (ou ancien à rénover) avec un engagement de mise en location pour une durée minimum (généralement 9 ans). Pour être éligible, outre le respect de l’engagement de mise en location, il faudra éventuellement respecter certains critères. Que ce soit : la localisation, type de travaux, montant investi, niveau de loyer ou la nature des locataires… Ces dispositifs fiscaux sont parfois accessibles via des véhicules SCPI.
Selon les villes, la location de logements en meublé (qui correspond à des baux plus courts et à une offre spécifique) peut être indiquée. Par ailleurs, cela peut permettre d’obtenir un rendement supérieur. Mais, surtout de bénéficier de régimes fiscaux LMP et LMNP qui permettent de réduire fortement l’impôt sur le revenu foncier.
Français : un salaire net entre 2 000 à 3 000 euros combien de mètres carrés en 2022 ?
Selon l’INSEE, un salarié à temps plein du secteur privé gagnerait en moyenne 2 424 euros par mois. Et ce, bien sûr avec des disparités (la moitié des salariés percevant moins de 1 940 euros nets par mois).
Par ailleurs, selon l’indice des Notaires, le prix médian dans l’ancien en France serait de 2 280 euros/m². Contre près de 10 880 euros/m² à Paris.
Sur la base des nouvelles règles bientôt en vigueur (35% de taux d’effort maximum), l’annuité mensuelle maximum sera de 848 euros. Cela représente un emprunt maximum de 220 000 euros (sur 25 ans, au taux de 1,14%/an hors assurance emprunteur). Et ce, hors frais de notaire, et sans apport personnel. Il serait ainsi théoriquement possible de financer 97 m² en moyenne en France et 20,5 m² à Paris.
Quel investissement rentable en 2022 : l’année du trading ou du long-terme ?
Dans des périodes parfois indécises, viser des actifs liquides et essayer d’optimiser (voire de générer une performance positive dans un marché baissier) en jouant sur la volatilité peut être tentant. Les statistiques semblent cependant démontrer qu’il est souvent illusoire de vouloir battre le marché en adoptant le timing idéal. En effet, le risque d’intervenir souvent à contretemps est élevé. Même les experts utilisant des algorithmes d’intelligence artificielle n’arrivent pas forcément à prévoir les fluctuations des marchés. C’est d’ailleurs souvent une critique adressée aux experts gestionnaire d’actifs professionnels. Sur le long-terme, ceux-ci n’arrivent pas forcément à battre la performance d’une gestion passive (répliquant les indices) via un ETF par exemple. À plus forte raison, une fois intégré l’impact des frais de gestion versés aux conseils chargés de la gestion de patrimoine.
S’il n’existe pas de solution idéale, adopter une approche sur le long-terme, est souvent de bon conseil. Celle-ci ne permet pas d’atteindre le rendement maximum, mais constitue tout de même une bonne approche. Au défaut du timing idéal, on absorbera les plus fortes variations du marché. Un préalable – ou une règle d’or – : disposer d’un horizon suffisant en termes de liquidité. Par ailleurs, l’investissement locatif permet parfois d’autofinancer l’investissement en dette. Cela devrait être cependant plus difficile en 2022 avec les contraintes imposées aux banques.
À la recherche du bon investissement rentable en 2022 : dans quoi investir en bourse ? Reste-t-il des actions peu chères ?
En termes absolus et relatifs, le niveau des marchés boursiers dans le monde semble élevé. Néanmoins, il est possible d’adopter des thématiques d’investissement différenciée. Par exemple, les valeurs liées aux nouvelles technologies ont profité (sans doute en partie en raison) de leur forte croissance. Ainsi que de la digitalisation croissante de l’économie. Leur valorisation est cependant la plus susceptible d’être impactée par une hausse des taux. À l’inverse dans un contexte de reprise économique, il peut être indiqué d’acheter des valeurs cycliques, par exemple, dans certains secteurs (biens d’équipement, produits de consommation du luxe) car présentant un business récurrent et offrant un rendement plus élevé. La décision doit cependant s’apprécier au cas par cas et la dispersion et les écart de performances sont importants.
Si l’on veut éviter d’être trop sélectif ou orienté, les ETF peuvent être une solution. À l’instar des fonds, ce sont des véhicules d’investissement, mais avec peu de frais. Ils permettent d’investir de manière directe et synthétique sur des paniers d’actions (ou d’actifs). Ou encore sur des indices situés sur différentes zones géographiques dans le monde.
Investir en « private equity » en 2022
Le « private equity » permet à des investisseurs relativement fortunés d’investir directement via des fonds dans des petites entreprises (small-caps), PME ou ETI en espérant qu’elles se développeront. Placement réservé aux investisseurs susceptibles d’investir des gros montants, le private equity permet de miser sur des sociétés non cotées. Le private equity permet de viser des sociétés qui cherchent des fonds pour se développer ou d’accompagner des repreneurs d’entreprises. Ce type de placement implique néanmoins un horizon de temps important (10 ans ou plus). De plus, il est par nature risqué. Toutefois, il peut être intégré dans le cadre d’une gestion de patrimoine dynamique. En effet, selon le stade de développement des sociétés, il est difficile de faire toujours les bons choix en termes d’investissement. Le risque de pertes en capital reste à la hauteur du rendement espéré. L’investissement au capital de PME non-cotées présente également des avantages fiscaux pour les investisseurs.
Quels échos pour l’assurance-vie en 2022 ?
Les rendements des contrats d’assurance-vie (ainsi que de manière générale des livrets d’épargne garantis) – placement incontournable des conseillers en gestion de patrimoine – ont fortement baissé ces dernières années. Et ce, du fait de la baisse des taux. Il est même devenu difficile pour les assureurs-vie de garantir un rendement positif dans un contexte de taux négatifs. Les assureurs ont d’ailleurs introduit des contraintes en termes d’investissement sur leur contrat « euros ». Ils exigent désormais souvent une quote-part investie dans des supports plus risqués : les Unité de Comptes (ou UC), investis sur divers sous-jacents (immobilier, SCPI, bourse, fonds…). Ces contrats en « UC » ne sont cependant pas garantis (comme pourraient l’être un contrat euro, ou encore un livret A). Ils présentent un risque de perte en capital comme tout investissement risqué.
Investir en cryptomonnaies en 2022
Depuis quelques années, le grand public a découvert les crypto-monnaies, un phénomène qui divise les experts. Jugé par certains comme un placement à fort potentiel, destiné à remplacer des actifs tels que l’or, les cryptomonnaies telles que le Bitcoin ont connu un parcours certes chaotique, mais presque sans faute pour la plupart des investisseurs. Encore proches de leurs sommets historiques, les cryptomonnaie (et leurs dérivés comme les NFT) restent des actifs très spéculatifs et volatils. Il reste difficile d’appréhender leur valeur intrinsèque. Signe d’une certaine institutionnalisation, les premiers ETF en cryptomonnaies ont été récemment lancés aux États-Unis.
Investir en 2022 : focus sur le crowdfunding immobilier
Dans la période actuelle, avec le choix entre une approche long-terme et une nécessité de temporiser, le « crowdfunding » offre de nombreux atouts. Au sein du crowdfunding, le segment du « crowdfunding immobilier » permet d’investir indirectement dans la thématique immobilière. Et ce, en finançant via des obligations des acteurs professionnels de l’immobilier (promoteurs, marchands de biens, foncières) :
- Dans un monde où la recherche de rendement est devenue compliquée, le crowdlending offre des rendements moyens bruts de 6% à 10%/an ;
- Il permet de miser sur des maturités relativement courtes : 12-36 mois via des obligations amortissables ou in fine. Cela permet de se positionner avec un rendement élevé sans avoir à « parier » sur le long-terme ;
- Le crowdlending immobilier permet la mise en place de sûretés réelles (hypothèques, cautions…). Mais également de sécuriser relativement l’investissement en respectant certains ratios maximum en termes de LTV (Loan to Value, c’est-à-dire emprunt par rapport à la valeur de l’actif financé) ;
- La sélection est directe pour l’investisseur. Cependant, il reste accompagné par des professionnels agréés qui proposent les projets sur leur plateforme ;
- La diversification en termes de montants, de maturité, de projets et d’émetteur est très facile (montant minimum de 1 000 euros par projet) ;
- Les investissements sont éligibles à certains dispositifs fiscaux tels que le PEA-PME et en termes d’impôts sur le revenu imposés à la flat-tax de 30% ;
- Les frais de l’opération sont supportés par les émetteurs et n’impactent pas le rendement net de l’investisseur.
Publication originale le 30 novembre 2021, mise à jour le 2 décembre 2021