Premier achat immobilier : les questions à se poser avant de se lancer

Quelles sont les bonnes questions à se poser pour préparer son premier achat immobilier ?

Mis à jour il y a 2 ans

Le président Sarkozy voulait faire de la France « une nation de propriétaires ». En effet, être propriétaire est un élément de stabilité, un moyen de convertir une dépense contrainte en un investissement et une épargne. C’est d’ailleurs le choix effectué par 58% des Français déjà propriétaires de leur logement (contre 43% en 1968). Cette proportion a cependant tendance à stagner : par choix ou par contrainte ? Un premier achat immobilier peut également être un investissement locatif. La « stratégie » immobilière de chacun (location, achat de la résidence principale, investissement locatif) peut être néanmoins subie ou choisie… Focus sur les principales questions à se poser avant un premier achat immobilier qui constitue une étape importante du parcours de chacun.

Est-ce le moment d’acheter un bien immobilier 2021 ?

Selon la dernière note de Conjoncture des Notaires d’octobre 202, un nouveau record a été établi sur un an glissant (août). En effet, on comptabilisait un total de 1,2 million de transactions immobilières en France.

Étant donné l’évolution des prix de l’immobilier en France sur les dernières décennies, quel que soit le moment où l’on se serait posé la question « est-ce le moment d’acheter ? » : la réponse aurait sans doute été invariablement : « le meilleur moment était il y a cinq ans ».

Pourtant, dans le détail, la réponse n’est pas forcément univoque. Si les prix ont augmenté en moyenne à Paris de +60% depuis 2008 (et d’au minimum +20% dans les 50 plus grandes villes françaises), ils ont tout juste retrouvé leur niveau d’origine dans les zones rurales (grâce à une hausse de +25% ces dernières années). Cependant, on parle ici d’augmentation des prix, non pas du rendement sur les montants investis. Celui-ci aurait souvent été démultiplié grâce à l’effet de levier du crédit immobilier. Dans le même temps, qui aurait investi directement ses économies sur le Nasdaq il y a 5 ou 10 ans, aurait vu sa cagnotte multipliée par entre x3 et x6 en moyenne…

On touche ici à l’existence des cycles. Il est souvent illusoire de trouver le bon moment, le « timing » idéal pour acheter. Tout juste, peut-on considérer que — sauf exception — ne rien faire n’est pas un bon conseil sur le long terme. D’autant plus, avec les perspectives de retour de l’inflation,qui semblent désormais se matérialiser.

Des conditions d’emprunt historiquement favorables

Depuis 2008, les politiques expansionnistes des Banques Centrales ont entrainé une baisse historique des taux d’intérêt. Les États sont même entrés dans l’ère des taux négatifs. La conséquence a été l’apparition de conditions de financements inédites qui ont permis aux Français de s’endetter massivement ; pour rappel, un tiers des Français est détenteur d’un prêt immobilier. Ce phénomène est observable dans les principales économies. Les taux d’intérêt réels (corrigés de l’inflation) sont désormais négatifs !
Selon l’Observatoire du Logement / CSA, les conditions d’emprunt immobilier – 3ᵉ trimestre 2021 – ont ainsi atteint en France des niveaux extrêmement favorables :

  • Le taux d’intérêt moyen était ainsi à un plus bas historique de 1,05% an (i.e 0,87% à 15 ans, et 1,16% à 25 ans) ;
  • La durée moyenne des emprunts était de 233 mois. Et dans les faits, un remboursement effectué en moyenne, statistiquement, au bout de 8 à 10 ans.

Des conditions d’emprunt qui devraient se durcir

Le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) qui supervise les banques a cependant décidé de prendre les devants. Il a pris acte d’une augmentation importante des encours d’emprunt immobilier (au-delà de 1 000 milliards d’euros). Il a pris acte également d’un taux d’endettement des ménages qui a doublé en 10 ans. Et ce, pour finalement atteindre une année de revenu brut en moyenne.

Les nouvelles conditions d’emprunt à compter du 1ᵉʳ janvier 2022

Le HSCF a décidé d’imposer aux banques des restrictions en termes d’octroi de nouveaux prêts immobiliers. Ces règles n’étaient jusqu’à présent que des recommandations. Toutefois, dans les faits, elles étaient sûrement en grande partie déjà appliquées par les banques.

Les critères pour l’accord d’un crédit immobilier vont ainsi être durcis à compter de 2022 :

  • Un taux d’effort (charge et remboursement de la dette y compris et assurance, divisés par le revenu net avant impôt de l’emprunteur) de 35% maximum ;
  • Une durée d’emprunt limitée à 25 ans dans l’ancien (27 ans pour le neuf et le VEFA) ;
  • Une tolérance sur 20% des dossiers pour déroger à ces règles, principalement pour l’achat d’une résidence principale.

Les jeunes et les primo-accédants exclus du marché ?

Dans les faits, les jeunes et les primo-accédants ont sans doute été exclus du marché dans les zones dites sous-tensions.

Ces zones bénéficient cependant de nombreux schémas fiscaux incitatifs pour un investissement locatif. Ces investissement permettent des déductions d’impôts sur la base des montants investis pour l’acquisition ou les travaux réalisés. Que ce soit pour le neuf (Pinel, LMP Censi-Bouvard…) ou l’ancien rénové (loi Malraux, Denormandie, Pinel ancien…), il faudra s’engager à mettre le bien en location en tant que logement. Et ce, pour une période incompressible de plusieurs années, au risque de voir l’avantage fiscal remis en cause. Par ailleurs, il faudra répondre à un cahier des charges précis. Que ce soit en termes de : montant d’investissement, type de biens, localisation, nature des travaux éventuellement réalisés. Ou encore des conditions concernant les locataires et le niveau de loyer…

Ces avantages visent avant tout une cible d’acheteurs qui intègrent une problématique d’optimisation fiscale dans leur achat. Cela ne correspond pas forcément à la cible étudiant un premier achat. Quoique rien n’est exclu : tout dépend de la stratégie et du profil personnel de chacun.

Premier achat immobilier : choix ou contrainte ?

En préambule, il est flagrant que la question des dépenses de logement est un sujet majeur. Elle constitue en effet une dépense contrainte (frais de logement, assurances et services financiers, télécom et TV). Celles-ci sont ainsi passées — avec des disparités suivant le niveau de revenu, les tranches basses étant d’autant plus impactées — de 12 % à 29% du budget des ménages français entre 1960 et 2019. Les dépenses de logement (loyer, électricité, charges liées à l’habitation…) sont passées de 9% à 23% du budget. Face à une telle évolution, le budget logement et l’accès ou non à la propriété sont devenus un point central.

Les Notaires de France (via le Conseil supérieur du notariat) ont aussi réalisé un sondage Harris Interactive. Ce sondage, les Français et l’Immobilier : « les multiples facettes de l’achat immobilier » a été publié fin 2019. Depuis, les prix de l’immobilier ont encore significativement augmenté en France malgré la crise de la Covid-19:

  • 87% des personnes interrogées, considéraient le fait de devenir propriétaire de sa résidence principale comme un élément positif. Pour 72% des Français, cela consistait en « un objectif essentiel à réaliser avant la retraite ». Tandis que pour 43%, c’était la condition pour avoir « réussi sa vie » ;
  • 71% des sondés avaient acquis leur résidence principale entre 25 et 40 ans (dont 41% entre 25 et 30 ans) ;
  • L’âge moyen d’acquisition de sa résidence principale est de 32 ans ;
  • Les motifs invoqués par les propriétaires étaient également répartis entre : l’envie de réaliser un investissement pérenne, le désir d’éviter de payer un loyer, la volonté d’indépendance et la liberté d’aménager son logement selon ses aspirations.

Coté locataires, 52% des sondés déclaraient subir cette situation et souhaiteraient dans l’idéal devenir propriétaire de leur logement. Au total, 48% étaient locataires par choix.

  • Parmi les raisons expliquant ce statut de locataire (plusieurs réponses possibles) : 59% des sondés invoquaient « une insuffisance de moyens financiers ». Pour 25%, il s’agissait d’une « location satisfaisante » et pour 23% « une situation personnelle ou professionnelle insuffisamment stable ».

Parmi les propriétaires, 96% désiraient le rester (seuls 4% envisageant de devenir locataires). De manière générale, les aspirations détaillées pouvaient toutefois varier selon les profils types définis. En focntion notamment de l’âge, la situation familiale, le statut ou encore la localisation des répondants. Ainsi, certains locataires avaient privilégié l’achat d’une résidence secondaire ou d’un bien mis en location sur des plateformes types Airbnb par manque de moyens pour acheter leur résidence principale.

Point intéressant : 96 % des personnes interrogées indiquaient avoir déjà changé au moins une fois de logement au cours de leur vie. La moyenne était de 5 changements.

Par ailleurs, 44 % des Français déclaraient avoir l’intention de changer de logement dans les 5 prochaines années. Avec une proportion encore plus forte chez les catégories les plus jeunes ou non-propriétaires. Certainement encouragées en cela par des niveaux de taux de crédit immobiliers désormais particulièrement attractifs.

Depuis la publication de cette étude, sur ces deux dernières années, les prix ont continué à monter. Les conditions de financement se sont quant à elles encore améliorées. Par ailleurs, la Covid-19 et l’essor du télétravail semblent avoir modifié les aspirations des Français. De nombreuses villes de province semblent en avoir profité. Paris a ainsi perdu 6000 écoliers en un an (contre 2500 écoliers en moyenne sur les 10 dernières années).

Quel bien pour un premier achat ?

La question du type de bien pour un premier achat pose plusieurs questions en amont. Notamment, en termes de budget, de typologie de bien et de projection à un horizon à moyen terme.

Les statistiques nous indiquent qu’en moyenne les personnes vont changer au moins 5 fois de logement dans leur vie. Cette mobilité doit être prise en compte dans la stratégie d’acquisition du fait des frais importants qu’un changement de logement implique. Et ce, même si la résidence principale est exonérée de plus-value à la revente.

Il est nécessaire de se projeter sur une éventuelle revente. Mais, aussi de s’assurer du potentiel du quartier (transport, taux de logements sociaux, commerces, écoles…). Une adéquation avec les besoins personnels actuels reste primordiale (accessibilité pour aller travailler par exemple).

Quelle stratégie pour un premier achat : résidence principale ou location ?

Le premier achat peut consister à :

  • Une premier acquisition pour y loger directement ;
  • Un investissement locatif (afin éventuellement de profiter d’incitations fiscales) alors que l’on reste locataire de son propre logement. Dans cette optique, il faut être conscient que l’on s’engage sur une durée généralement assez longue de 9 ans (Malraux, Pinel…). Et ce, au risque de voir l’avantage fiscal remis en cause. Selon une étude du Crédit Foncier à fin 2018, deux tiers des dossiers d’investissement locatif avaient été financés sans apport. Une solution pour commencer à entrer sur le marché immobilier sans trop grever son budget ? On peut toutefois penser que cela concernait avant tout des acquéreurs déjà propriétaires de leur résidence principale.
  • L’acquisition d’une résidence secondaire dans une zone plus abordable alors que l’on reste locataire de son logement ? Avec la Covid-19 et le télétravail, la frontière entre domicile et résidence secondaire est devenue plus floue. En pratique, cette solution sera cependant compliquée à mettre en œuvre. En effet, elle implique de financer simultanément un loyer et le nouveau bien. Cela peut mener également à un compromis entre une résidence principale plus éloignée et quelques jours en Airbnb près de son lieu de travail.

Dans tous les cas, la décision de ce premier achat part a priori du postulat que le marché immobilier va continuer à monter et qu’il vaut mieux « entrer dans le marché ». Avec les conditions de financement très favorables, cela permet souvent de remplacer un loyer par un remboursement d’emprunt.
On peut, par ailleurs, chercher à acquérir le maximum de surface permise par notre capacité d’endettement (et retarder la perspective de devoir changer de logement). Ou bien, se laisser une marge de sécurité et considérer ce premier achat comme un moyen de « prendre date » avant une seconde acquisition.

Premier achat : neuf ou ancien ?

Pour un premier achat — qui sera potentiellement destiné à être revendu rapidement — acheter dans le neuf peut permettre de profiter de frais de notaire fortement réduits. Mais, aussi d’avoir accès à un logement optimisé en termes de surface et de disposer d’un logement totalement aux normes. Ne pas avoir à réaliser de travaux sur les années qui viennent peut être un élément important pour l’équilibre du plan de financement. Attention cependant à la revente, le bien perdra par nature les avantages du neuf pour le nouvel acquéreur.

À l’inverse, un achat dans l’ancien (Haussmannien à Paris par exemple) peut permettre de s’établir dans des zones avec plus de cachet. Malgré des frais de notaire plus important, les biens dans l’ancien sont généralement moins onéreux que les biens neufs. La présence de travaux importants de rénovation bien réalisés peut apporter une réelle plus-value dans l’optique d’une revente à terme. Ces travaux seront cependant moins facilement finançables par emprunt que le foncier. Ils impliquent une grande disponibilité pour suivre le chantier. Il faut également prendre en compte d’éventuels des délais avant de pouvoir avoir la pleine jouissance du logement.

Quel budget pour un premier achat ?

La question du budget du premier achat est compliquée. En effet, dans de nombreuses zones (Paris en premier lieu) acheter directement un logement familial alors que les prix dépassent désormais 10 000 euros /m² peut s’avérer impossible pour la majorité des ménages. Acheter une surface plus réduite en début de vie professionnelle n’est pas forcément évident non plus.

Il faut également anticiper la durée minimum de détention pour amortir les frais et avoir une situation stable. C’est sans doute pour cela que le premier achat intervient en moyenne à 32 ans.

La question de l’achat et du budget à y consacrer dépendra également de la zone visée. Si le rendement brut locatif est, par exemple, de 2% brut/an, la situation de locataire — avec parfois un encadrement des loyers et une revalorisation assez lente — peut être jugée satisfaisante. À l’inverse, sur une zone avec un taux de rendement 8%/an, l’apport investi sera très rapidement rentabilisé (il sera par ailleurs d’autant plus aisé d’autofinancer le bien sans apport). Situé dans des zones moins tendues, la perspective de plus-value à la revente sera peut-être moins importante.

Premier achat immobilier, acheter au juste prix

L’immobilier présente l’avantage d’avoir la plupart du temps de nombreuses valeurs de référence permettant d’estimer le juste prix avec des recherches multicritères. Et cela, que ce soit dans le cas d’une transaction directement avec un vendeur (via des sites tels que PAP) ou via une agence immobilière.

L’arrivée d’internet et des nombreux sites d’annonces online a considérablement fluidifié le marché. Certains sites tels que Castorus.com permettent de suivre l’ancienneté d’une annonce et l’évolution historique du prix indiqué sur l’annonce. On pourra ainsi déceler, par exemple, des biens en vente depuis longtemps ou dont le prix a récemment baissé.
Le gouvernement a par ailleurs récemment ouvert en ligne la base des transactions immobilières réellement actées depuis 2014 afin de connaitre le prix effectif des biens vendus. Pouvant être utilisé à l’origine pour documenter et attester la valeur des biens dans le cadre de l’IFI, elle peut être très utile pour déterminer la marge éventuelle de négociation avec le vendeur.

La question de la durée de détention et du timing

La durée de détention, notamment pour les primo-accédants est un élément clé. En effet, les primo-accédants, a priori plutôt jeunes, sont les plus susceptibles de connaitre une forte mobilité pour des raisons professionnelles ou familiales.

Devoir revendre rapidement son bien (pour acheter plus grand par exemple), peut poser plusieurs problèmes :

  • Dans tous les cas de figure, du fait des frais engagés sur la période ;
  • Pour un investissement locatif ou résidence secondaire : le respect de délais incompressibles s’il s’agit d’une opération dans le cadre de dispositifs fiscaux. Dans un cas plus général, le risque de voir la plus-value réalisée quasiment annihilée par une forte fiscalité relativement dissuasive en cas de détention de courte durée. Cependant, il existe, sous conditions, des possibilités d’exonération à hauteur du produit de la vente d’une résidence secondaire réalisée par un locataire pour financer l’achat de sa résidence principale.

Enfin, pour profiter pleinement d’un potentiel de réévaluation (développement des transports en commun, modification de la typologie du quartier…), il sera sans doute nécessaire de détenir le bien pendant un certain délai.

Acheter une maison ou un appartement : attention aux frais

La détention d’un bien immobilier permet « d’économiser » un loyer ou de toucher un rendement locatif. Cependant, elle expose aussi à des frais importants, attention aux mauvaises surprises.

Les droits et frais divers liées à l’acquisition

Les frais de notaire peuvent représenter dans l’ancien entre 8% à 10% du prix (2% à 4% dans le neuf). Ils seront dus par l’acheteur à chaque nouvelle transaction, et ce, au premier euro. La mise en place d’un financement (hypothèque, frais de dossier, garantie, courtier) a également un coût non récupérable.

Les intérêt payés sur la période

Le niveau de taux est relativement faible, mais le système d’annuité constante fait que la majorité des intérêts sont payés en début de prêt.

  • Ainsi, dans le cas d’un emprunt au taux de 1%/an à 25 ans, 40% du total des intérêts auront été payés avant la 6ᵉ année… ;
  • Pire, dans le cas d’un taux d’intérêt à 4% sur 25 ans (niveau encore en vigueur il y a peu) le coût en intérêt d’une dette de 100 000 euros sur 25 ans représentera 58 000 euros (annuités totales de 158 000 euros). Sur les cinq premières années en revanche, la somme versée à la banque de 31,6 K€ se composera de 18,8k€ d’intérêts pour seulement 12,8k€ de capital remboursé. On aura ainsi payé largement plus d’intérêts sur la période (à perte…) que remboursé de capital. Le coût des intérêts aura peut-être dépassé le montant d’un loyer équivalent qui aurait été payé sur la période.

Les frais d’agence et de conseil

Passer par une agence peut avoir un coût de 5%. Celui-ci est généralement payé par le vendeur et il faudra l’acquitter à la revente.

Les frais divers et d’entretien

La détention d’un bien expose à des frais récurrents d’entretien : charges de copropriété, rénovations lourdes… Attention à ce sujet de bien vérifier avant l’achat, l’historique de la copropriété et les éventuels travaux votés en assemblé générale (ravalement important à venir par exemple) afin de renégocier éventuellement le prix. Par ailleurs, avec la mise en œuvre de la loi Climat et Résilience et les conditions relatives à la qualité environnementale des bâtiments (nouvelles normes également du DPE entrées en vigueur) les propriétaires vont être de plus en plus confrontés à des obligations de rénovation et de mises aux normes pour pouvoir louer ou revendre leur logement.

Les frais d’assurance

Il faudra, sur la période, acquitter des frais d’assurance emprunteur et d’assurance « habitation propriétaire ». Pour information, celle-ci est quasiment deux fois plus onéreuse qu’une assurance habitation locataire.

Les taxes sur l’immobilier

En tant que propriétaire, on s’expose à plusieurs taxes (outre la taxe d’habitation payée par l’occupant et qui est en voie de disparition sauf pour les résidences secondaires) :

  • La taxe foncière : due par le propriétaire du bien immobilier (qu’il soit occupé ou non). Elle est fixée au niveau des collectivités locales sur la bases d’un coefficient appliqué à une valeur locative théorique. Ce mode de calcul, inchangé depuis des décennies, a été reformé récemment entrainant une forte inflation de cette taxe. Payée annuellement, celle-ci peut représenter dans certaines communes jusqu’à l’équivalent de trois mois de loyers.
  • La taxe sur les plus-values : en cas de revente avec profit (une fois intégrés certains coûts au prix d’achat) on s’expose – à l’exception du cas de la résidence principal qui est exonérée — à une taxe de 19%. De plus, si la plus-value dépasse 50 000 €, une taxe supplémentaire peut s’appliquer et peut aller jusqu’à 6% – plus la CSG-CRDS de 17,2%. Soit une taxe potentielle de 42% du gain réalisé. Heureusement, il existe une décote relativement à la durée de détention mais qui ne sera totale qu’au bout de 30 ans… Concernant la résidence principale, attention au délai d’un an pour revendre après avoir quitté les lieux au risque d’une requalification. De même si l’on s’expatrie à l’étranger où il existe des critères spécifiques pour profiter d’une exonération partielle ou totale en cas de cession d’un bien immobilier.
  • L’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) : a remplacé l’ISF et s’applique dès que la valeur nette des biens immobiliers détenus dépasse 1,3 million d’euros (après une décote de 30% pour la résidence principale). On peut cependant supposer que l’IFI aura peu de chance de s’appliquer dans le cadre d’un premier achat…

Frais et durée, que savoir avant d’acheter?

Au final, tous ces frais spécifiques liés à l’achat et à la détention doivent être prise en compte. Si l’on risque de devoir revendre son logement à moyen terme (moins de 5 ans), que ce soit à la suite d’une mutation ou pour acheter plus grand, la décision d’effectuer immédiatement un premier achat immobilier apparait sans doute moins évidente.

Quel prêt pour un premier achat immobilier ?

Comme tout emprunteur, les candidats à un premier achat immobilier vont bientôt être confrontés aux nouvelles restrictions issues de la décision du HCSF de limiter la durée d’emprunt et le taux d’effort à 35%/an. Néanmoins, il existe des dérogations visant spécifiquement les primo-accédants et les personnes désireuses d’acquérir leur résidence principale qui donneront un peu de flexibilité au dispositif. Faire appel à un courtier peut permettre d’orienter la démarche et de maximiser les chances de succès, tout en obtenant de meilleurs conditions.

Globalement, un emprunt pour un premier achat immobilier aura des spécificités :

  • Présenter un profil — plutôt jeune – éventuellement attractif pour un banquier à le recherche de nouveau clients ;
  • Présenter des difficultés pour rassembler un apport personnel suffisant (sans la revente d’un premier bien permettant de constituer l’apport) ;
  • L’accès à des emprunts sur des durées plus longues permettant de maximiser le montant ;
  • Des montants de primes d’assurance réduits ;
  • Un manque éventuellement d’ancienneté avec l’employeur, la présence d’un seul emprunteur considérés comme plus risqués.

Quelle aide de l’état pour un premier achat immobilier ?

Il existe différentes aides de l’état pour favoriser l’accession à la propriété.

Le prêt à taux zéro (PTZ)

Le prêt à taux zéro (PTZ) s’adresse aux ménages modestes (ils ne doivent pas avoir été propriétaires de leur résidence principale dans les deux ans précédant la demande). Il permet de financer l’achat d’un bien ainsi que la réalisation de travaux (amélioration du logement ou économie d’énergie). Il est possible de couvrir jusqu’à 40% du coût de l’opération sans intérêts ni frais de dossier.

Le Prêt d’Accession Sociale

Permet à des ménages modestes de financer l’intégralité de l’opération même sans apport.

Le Prêt Action logement (ex-1% logement)

Il s’agit d’un prêt complémentaire : jusqu’à 40k€ avec un taux bonifié de 0,5% hors assurance. Il est réservé aux salariés d’une entreprise ayant plus de 10 personnes et cotisant aux fonds de participation.

Le Prêt Conventionné

Permet de financer l’acquisition de tous types de résidences principales sans conditions de ressources. Les prêt signés avant le 1ᵉʳ janvier 2020 permettaient, sous conditions, de conserver un droit aux APL gérées par la Caf (une aide généralement réservée aux locataires).

Ma Prime Renov

Consacrée pas proprement au financement de l’achat du bien, cette prime permet cependant de financer des travaux de rénovation énergétique dans la résidence principale à hauteur de 20 000 euros sur une période de 5 ans.

Le PEL

Le plan d’épargne logement est un produit d’épargne permettant d’obtenir également au bout d’un certain temps un crédit immobilier à hauteur de 92 000 euros maximum. Il permettait initialement d’obtenir un financement à taux bonifié. Cependant, la baisse des taux l’a rendu caduque avec un taux depuis 2016 fixé à 2,20% !

Les aides locales

Certaines collectivités peuvent accorder des subventions aux futurs acquéreurs primo-accédant afin de renforcer l’attractivité de leur territoire.

Premier achat immobilier quel bon arbitrage ?

Finalement, avant de réaliser son premier achat immobilier il faudra ainsi se poser certaines bonnes questions :

  • Étant donné l’énergie nécessaire et les nombreux frais incompressibles, dispose-t-on d’un horizon de temps suffisant pour amortir ces frais ?
  • Quel type de bien pour un premier achat immobilier : appartement neuf ou dans l’ancien, maison individuelle ou appartement ?
  • Quelle stratégie : acheter un appartement pour se loger, acheter pour louer, acheter une résidence secondaire pour les vacances avec un rapport locatif en location saisonnière tout en restant soi-même locataire ?
  • Premier achat immobilier : quelles sont les conditions de financement, le besoin de financement, la capacité d’emprunt et l’apport personnel dont vous disposez pour rendre le projet crédible et cohérent avec vos critères et permettre le financement de votre projet ?
  • Suis-je dans une zone sous tensions ou bien dans un environnement et une ville où le bien sera facilement autofinancé ?
  • À prix égal, quelle alternative en termes de surface entre location et achat ? Quel reste à vivre une fois les mensualités du prêt payées ?
  • Étant donné ma tranche d’impôt, est-il intéressant de privilégier à moyen-terme des investissement locatifs en profitant des aides fiscales (loi Malraux, par exemple, qui vise à favoriser la rénovation urbaine via des logements de qualité) avant un usage personnel ultérieur ?
  • N’est-il pas préférable de garder ma location actuelle (niveau de loyer bas, logement social, perception d’APL) en attendant une meilleure visibilité sur l’évolution du marché ?

Publication originale le 16 novembre 2021, mise à jour le 16 novembre 2021

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