
Mis à jour il y a 4 mois
L’analyse du risque de crédit, qui consiste à estimer la capacité de remboursement de l’emprunteur, se fonde sur plusieurs éléments d’appréciation :
- humains (expérience du dirigeant),
- généraux (environnement concurrentiel, marché)
- financiers (bilan, compte de résultat).
Au final, il s’agit de donner un prix au risque de crédit que l’investisseur ou le prêteur accepte de prendre, et donc d’analyser ce risque de crédit.
Pour un même niveau d’EBE, et un secteur d’activité similaire, deux sociétés peuvent avoir des profils de risques très différents
À ce titre, concernant les éléments financiers analysés, au-delà de la structure du bilan (niveau absolu d’endettement par exemple), la structure du compte de résultat n’est pas neutre. Sur ce dernier point, il est par exemple intéressant d’analyser l’activité sous le prisme coûts fixes vs coûts variables. Ainsi, pour un même niveau d’EBE, et un secteur d’activité similaire, deux sociétés peuvent avoir des profils de risques au final très différents.
Cas de la société A : un organisateur de concerts
Prenons le cas d’une société A qui organise des concerts :
- La société A se rémunère sur le nombre de tickets vendus,
- Elle supporte des frais fixes dès que la décision d’organiser un événement est prise (location de la salle par exemple) et des frais variables (une commission aux services de billetterie qui l’aide à commercialiser),
- Par ailleurs, malgré l’emploi d’intermittents, elle a des charges fixes (siège, équipes marketing, etc.) élevées consacrées à la prospection, la sélection d’artistes et de lieux, etc.
Ici, dans le scénario central, le concert qu’elle organise, va générer 2 000 k€ pour une marge brute de 1 500 k€ et un EBE de 400 k€
- Si le concert ne marche pas (la moitié des tickets vendus par rapport au cas central) elle passera dans le rouge et perdra 550 k€
- Par contre, si le concert est un succès (+50% par rapport au cas central) elle sera fortement profitable : 1 350 k€
Conclusion :
Une variation de +/- 50% du CA par rapport aux prévisions de base, entraîne soit un passage en perte, soit une hausse de +238% du résultat (x3,4)
Metrics | Cas central | Scénario 1 : baisse 50% du CA | Scénario 2 : hausse 50% du CA |
---|---|---|---|
Chiffre d'affaires | 2 000 k€ | 1 000 k€ | 3 000 k€ |
coût variabe Commission vendeurs 5% | (100) k€ | (50) k€ | (150) k€ |
Charges fixes frais d'Organisation du concert | (400) k€ | (400) k€ | (400) k€ |
Marge brute | 1 500 k€ | 550 k€ | 2 450 k€ |
Charges fixes | (1 100) k€ | (1 100) k€ | (1 100) k€ |
Equipes fixes et frais de structures | (1 100) k€ | (1 100) k€ | (1 100) k€ |
Profit ou perte | 400 k€ | (550) k€ | 1 350 k€ |
Variation vs situation initiale | -238% | 238% |
Cas de la société B : un service de billeterie
Prenons le cas de la société B, qui opère dans la même industrie de l’événementiel, mais sur un créneau différent, en tant que centrale de réservation pour différents organisateurs (dont la société A) :
- La société B se rémunère via une commission variable sur le volume d’affaires de tickets vendus via sa plateforme,
- Elle supporte des frais variables (frais de transaction, google adwords…) liés à l’émission des tickets vendus,
- Par ailleurs, elle a des charges fixes (siège, équipe) peu élevés grâce à une structure légère principalement liés au maintien informatique de la plateforme.
Dans le cas central, elle réalise un volume d’affaire de 2 000 k€ avec plusieurs organisateurs de concert pour une marge brute de 600 k€ et un EBE de 400 k€
- Si son volume d’affaire avec ses partenaires baisse de moitié, elle restera profitable à 100 k€ (avec cependant une baisse de 75% de son résultat)
- Par contre, si son activité se développe (+50% par rapport au cas central) elle augmentera ses profits à 700 k€ (+75%)
Conclusion :
Malgré une variation de +/- 50% du CA, la société reste toujours profitable, et la variation du résultat est homogène à la hausse et à la baisse
Metrics | Cas central | Scénario 1 : baisse 50% du CA | Scénario 2 : hausse 50% du CA |
---|---|---|---|
Chiffre d'affaires (Commission vendeurs 5%) | 1 000 k€ | 500 k€ | 1 500 k€ |
Frais transaction de 2% | (400) k€ | (200) k€ | (600) k€ |
Marge brute | 600 k€ | 300 k€ | 900 k€ |
Charges fixes | (200) k€ | (200) k€ | (200) k€ |
dont Frais de personnel et frais de structures | (200) k€ | (200) k€ | (200) k€ |
Profit ou perte | 400 k€ | 100 k€ | 700 k€ |
Variation vs situation initiale | - 75% | 75% |
Le risque de crédit doit être analysé en tant que tel, et non comme un risque equity
Ainsi, pour un même niveau de départ (400 k€ de profit) du fait de la structure de coût diffèrent des deux sociétés, la société A peut-être considérée comme plus risquée que la B. Dans une optique crédit, elle aura un profil moins adapté (car pour une même variation de CA, elle a un risque d’être en perte et de ne pas rembourser ; par ailleurs, si l’activité augmente fortement, le créancier ne gagnera pas plus).
Dans une optique crédit, la société B (service de billetterie) a un profil plus adapté que la société A (organisation de concerts)
Par contre, un investisseur en capital, qui souhaite en général prendre plus de risques, choisira peut-être la société A, car le risque de perte peut être compensé par une forte revalorisation de son investissement si la société augmente son résultat.
Publication originale le 5 juillet 2016, mise à jour le 18 novembre 2022